LES RÉVOLTÉS, de Simon Leclère – 1h20
Avec Paul Bartel, Solène Rigot, Gilles Masson, Pierre Boulanger
Sortie : mercredi 15 juillet 2015
Je vote : 3 sur 5
Pavel, 19 ans, travaille à l’usine locale comme son père et son grand-père avant lui. Il passe ses loisirs sur les bords de Loire avec Anja, son amie d’enfance dont il est secrètement amoureux. Si Anja rêve d’émancipation et s’apprête à passer son bac, Pavel n’est pas inquiet: ils ont grandi ensemble, ils vieilliront ensemble. Mais alors qu’un plan social est annoncé à l’usine, Anja se laisse séduire par Antoine, le fils du patron. Pour la première fois de sa vie, Pavel doute…
Et alors ?
Un premier film original qui mêle histoire d’amour et chronique sociale en décrivant la fin d’une de ses petites usines menacées par la délocalisation et des personnages qui tentent de survivre dans ce contexte de crise larvée. Simon Leclère souligne : « Le film retrace un parcours initiatique qui s’incarne dans une prise de conscience politique. Il fait le constat d’un éparpillement de la lutte sociale et finalement de la victoire du patronat (ou plutôt de l’actionnariat). Victoire rendue possible par une ingénierie dont la complexité est l’arme la plus puissante. Comment comprendre aujourd’hui ce qui se passe, « comment ça marche » ?. Les usines changent de mains tous les cinq ans, le patron est invisible, le directeur n’est lui-même qu’un employé. Les ouvriers ne savent plus contre qui, contre quoi se battre. »
L’originalité du récit c’est, avec l’histoire de Pavel faisant croire à sa disparition, de glisser une touche de polar dans ce récit qui plonge le spectateur dans la réalité la plus quotidienne.
Il est porté par un casting solide. Avec Solène Solène Rigot, Simon Leclère a trouvé une jeune comédienne qui a une légèreté de jeu qui colle à ce récit où les pulsions de vie le disputent aux pulsions de mort. Face à elle, Paul Bartel est une boule d’énergie qui pousse l’histoire vers un registre plus nihiliste, malgré l’histoire d’amour dont on sent qu’elle n’est pas vouée à la longévité. Entre eux, le courant passe bien et le « couple » qu’ils incarnent est très crédible. De plus, ils sont bien entourés, notamment par Gilles Masson, à la carrure solide, mais qui incarne parfaitement un syndicaliste revenu de ses illusions et qui tente de surnager. « J’imagine Maciek comme un syndicaliste à bout de souffle, étouffé par les couleuvres qu’il a dû avaler au fil des années. Mais qui veut vivre. Et la seule manière pour lui de se convaincre qu’il a fait les bons choix, c’est encore d’éliminer la contradiction. La violence qu’il libère à la fin du film est au moins autant dirigée contre lui-même que contre Pavel », souligne Simon Leclère.
Un premier film qui ne s’inscrit pas dans un pur réalisme social et qui a un ton. Il porte la griffe d’un cinéaste qu’il faudra désormais suivre.


