MASAAN, de Neeraj Ghaywan, 1h43
Avec Richa Chadda, Vicky Kaushal, Sanjay Mishra, Shweta Tripathi et Nikhil Sahni
Sortie : mercredi 24 juin 2015
Je vote 4 sur 5
Quezako ?
Bénarès, la cité sainte au bord du Gange, punit cruellement ceux qui jouent avec les traditions morales. Deepak, un jeune homme issu des quartiers pauvres, tombe amoureux d’une jeune fille qui n’est pas de la même caste que lui. Devi, une étudiante, vit torturée par un sentiment de culpabilité après le suicide de son premier amant. Pathak, père de Devi, victime de la corruption policière, perd son sens moral pour de l’argent, et Jhonta, un jeune garçon, cherche une famille. Des personnages en quête d’un avenir meilleur, écartelés entre le tourbillon de la modernité et la fidélité aux traditions, dont les parcours vont bientôt se croiser…
Ce qui touche dans ce film ?
En nous plongeant au cœur de Bénarès, cité sacrée de l’Inde, Neeraj Ghaywan décrit avec
minutie une société où les traditions sont un poids pour la femme qui doit subit l’autorité des hommes que ce soit au sein du cercle familial que dans la vie quotidienne. Dès la séquence d’ouverture où un couple d’étudiants est surpris en plein ébat par la police, et juste après que l’on ait vu Devi visionner un film pornographique, le ton est donné et le film offre une vision sans complaisance sur la société indienne. Commentaires du réalisateur : « « Les hommes indiens sont très misogynes, et ils sont mal à l’aise en présence d’une femme. Si une femme est progressiste, ils ont le sentiment qu’elle cherche à se hisser au dessus d’eux et elle est alors digne de mépris à leurs yeux. Avec mon scénariste, nous sommes clairement en faveur de l’égalité des sexes. » Dans une telle société, la police joue un rôle plus que trouble en profitant de mentalités rigoristes pour multiplier les combines et autres pots de vin.
A travers ces histoires imbriquées, Masaan montre aussi comment Bénarès symbolise un pays où le poids des castes est encore omniprésent à travers la vie des ghats, ces escaliers aménagés menant aux berges du fleuve où ont lieu les baignades, les prières ainsi que les nombreuses crémations quotidiennes. Une mort qui est présente tout au long du film aussi bien par les séquences -fortes- de crémation que dans le parcours personnel des personnages principaux. Le cinéaste souligne : « La souffrance est source d’enseignement, et elle rend le plus souvent beaucoup plus sage. Pour moi, le film est un récit initiatique dans lequel la douleur peut s’avérer positive et n’est pas forcément synonyme de détresse absolue. D’ailleurs, Bénarès est connue comme « la ville de la mort » et l’on raconte que si l’on meurt à Bénarès, on trouvera le salut. C’est pourquoi c’était d’autant plus important d’y situer l’intrigue. »
Malgré certaines histoires parallèles qui parasitent parfois le sujet central, Massan est un film à la mise en scène stylisée qui touche tout en faisant réfléchir aux chocs des cultures, au poids des mentalités ancestrales. Un sujet fort et des images magnifiques.
