Dix jours avant sa sortie, le 10 juin, le film Un français, de Diastème, description du parcours d’un skinhead, continue de nourrir la polémique sur les réseaux sociaux et dans la presse. Et témoigne de la frilosité de certains.
Un français, de Patrick Asté, dit Diastème, c’est l’histoire sur trois décennies de Marco -Alban Lenoir que l’on a vu dans la série Hero Corp – un skinhead qui abandonne petit à petit meetings d’extrême droite et ratonnade alors que ses compagnons de route se promènent entre prison et carrière politique. Au cinéma, un tel sujet était plutôt le fait jusqu’ici des anglo-saxons avec des films britanniques (This is England) ou américains (American History X). Mis à part le remarqué opus de Mathieu Kassovitz, La Haine, mais c’était une exception qui confirmait la règle. Diastème était en train d’écrire un livre quand l’actualité lui a soufflé l’idée du scénario. Explications : « Et le jour de la mort de Clément Méric, à la télévision, j’ai revu dans les camps de ses agresseurs des visages que j’avais croisés dans mon enfance ou mon adolescence. Me rendre compte que ces gens avaient mon âge, que leur haine était la même que quand ils avaient 18 ans, cela m’a bouleversé. Rien n’avait bougé. J’ai trouvé cela troublant et romanesque. J’ai pensé que s’il y avait un seul sujet à traiter aujourd’hui, ce serait celui-ci : un personnage que l’on suit sur trente ans et qui, lui, se débarrasse de la haine et de la violence au fond de lui. C’était un sujet de film. En deux jours, j’avais écrit vingt pages… »
Devant le climat qui s’est développé sur les réseaux sociaux, le film sortira bien mais avec moins d’ampleur comme l’a évoqué le réalisateur sur son blog. Devant les réactions, la société de distribution Mars Films a du se fendre d’un communiqué où il est dit entre autres : « Les faits sont les suivants. 1/ La sortie initiale prévue autour d’une centaine de copies a été ramenée à soixante afin d’optimiser au mieux chaque copie et de valoriser chaque salle diffusant le film. 2/ Un grand nombre de cinéma ont été contactés pour organiser des avant-premières suivies de débats en présence d’associations locales. La plupart n’ont pas donné suite à cette proposition. La raison officielle : complexité de mettre en place un évènement aussi particulier, nécessitant des précautions (sécurité etc….) , alors que toute la profession préparait son départ pour le Festival de Cannes. Cette prudence est évidemment à rapprocher de l’humeur que certaines personnes aussi anonymes que mal intentionnées ont voulu créer autour du film. »
Une chose est sûre : dans l’atmosphère politique pesante actuelle, et même si la frilosité de certains semble de mise, la sortie d’un tel film sur le renoncement à la violence et la description d’une idéologie d’extrême droite doit être soutenue. Après, chacun se fera son propre jugement sur la qualité cinématographique propre au récit de Diastème.
La polémique a au moins le mérite d’ouvrir un débat politique sur Facebook ou même via une pétition. Il est urgent de ne pas laisser une certaine mouvance d’extrême droite accaparer les réseaux sociaux…
