LOS HONGOS, d’Oscar Ruiz Navia, 1h43
Avec Jovan Alexis Marquinez Angulo, Calvin Buenaventura Tascon
Sortie : mercredi 27 mai 2015
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Dans la journée, Ras est ouvrier dans le bâtiment. Et le soir, après le travail, il tague des graffitis sur les murs du quartier dans l’est de Cali (Colombie). Ras n’a pas dormi depuis longtemps et commence à rêvasser en plein jour. Quand il vole plusieurs pots de peinture pour finir une immense fresque murale, il est renvoyé. Sans le sou, il arpente la ville à la recherche de Calvin, son ami graffeur qui fait des études d’art et veille avec amour sur sa grand-mère.
Bonne idée que celle de décrire l’univers de graffeurs colombiens à Cali, une ville qui porte les traces de la guerre entre gangs de drogue depuis des lustres, à travers les errances de deux jeunes gars. En partant d’une description très réaliste de la Cali, le cinéaste fait l’état des lieux d’un pays à la démocratie balbutiante où une partie de la jeunesse se cherche. « Il s’agit d’un film,
dit le réalisateur, qui, tout en étant une fiction et donc en n’étant pas réaliste à tout moment, parle de notre temps. J’espère que dans dix ou quinze ans, les gens pourront voir le film et se dire : « Cali, c’était comme ça avant. Les gens étaient comme ça. »
La fiction est aussi l’occasion de dresser une galerie de personnages décrits avec nuances, notamment la grand-mère, maladeet touchante à souhait, où le père qui n’est jamais caricatural même quand il pousse un air de bel canto devant la glace de sa salle de bain. En toile de fond, il y a l’envie des deux graffeurs de mettre leur art au service d’une fresque dédiée aux manifestants des Printemps arabes, comme un éloge de l’engagement citoyen par-delà les frontières.Jouant sur différentes types d’images – du reportage aux connexions via Skype, Internet, Facebook, en passant par celle d’une caméra mobile qui suit les protagonistes dans leur quotidien et des décors bien définis -, en misant sur des ruptures entre univers sonores, Oscar Ruiz Navia signe, in fine, une belle peinture de l’amitié et de l’espoir véhiculé par toutes les formes artistiques. L’espoir aussi d’une jeunesse en l’avenir, malgré un quotidien qui n’a rien de béat.
Bien sûr, l’exercice n’évite pas un certain fouillis et des péripéties qui laissent parfois le spectateur sur le côté de la route, mais le second film de ce réalisateur de quoi susciter la curiosité. Et prouve le regain de vitalité de ce cinéma latino-américain.

