UN PEU, BEAUCOUP, AVEUGLÉMENT, de Clovis Cornillac – 1h30
Avec Clovis Cornillac, Mélanie Bernier, Lilou Fogli, Philippe Duquesne
Sortie : mercredi 6 mai 2015
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?

Lui est inventeur de casse-têtes. Investi corps et âme dans son travail, il ne peut se concentrer que dans le silence. Elle est une pianiste accomplie et ne peut vivre sans musique. Elle prépare un concours prestigieux qui pourrait révolutionner sa vie. Ils vont devoir cohabiter sans se voir à cause d’une cloison en forme de papier à cigarettes…
Et alors ?
Passant à la réalisation pour la première fois, Clovis Cornillac surprend par le choix d’une love story sur fond de névroses personnelles avec un cadre pas vraiment banal : deux appartements en forme de scène de théâtre et qui sont séparés par une cloison qui laisse passer tous les bruits et force les habitants à une cohabitation sonore forcée. S’amusant avec les codes de la comédie romantique, Cornillac cinéaste fait, en filigrane, la critique d’une société où l’hyper communication réduit à néant les plages de liberté. Il en profite pour se donner un beau rôle avec ce Machin – un nom qui est déjà tout un programme – qui file la vie du parfait misanthrope ne sortant jamais de sa tanière. 
Le réalisateur-acteur souligne : « Machin est quelqu’un qui s’est arrêté de vivre après un drame il y a 7 ans. Il s’est renfermé petit à petit sur lui-même et dans la construction de casse-têtes de plus en plus complexes. Il cherche seul une réponse à son existence alors que souvent la solution vient des autres. Créer un personnage comme Machin qui s’est renfermé sur un truc amer, en colère c’est drôle parce que c’est ridicule. La misanthropie me fait rire. Les gens en colère me font rire parce qu’il y a souvent, dans la mauvaise humeur, une forme d’intelligence. »
Dans cette aventure loufoque, il a convoqué une galerie de personnages piquants à souhait. Philippe Duquesne campe l’ami de toujours de Machin, le mec pas très futé mais toujours prêt à rendre service quand Lilou Fogli, auteure de l’idée originale, apporte son petit grain de folie à la sœur un brin nymphomane de Machine. Et puis, il y a Mélanie Bernier qui forme avec Clovis Cornillac le duo bien assorti de cette comédie piquante. Avec lui, elle se tire fort bien d’un
tournage où les deux protagonistes principaux ont très peu de scènes en face à face. Elle souligne : » Cette méthode a apporté beaucoup de fantaisie dans le jeu. Le fait d’être seule et de jouer face au mur ou à la caméra me permettait d’imaginer Machin comme je le voulais, de me créer un monde. Avant chaque scène on répétait avec Clovis, il me donnait des indications et lui ensuite jouait en fonction de ce que je proposais. C’est vrai qu’habituellement le jeu n’est fait que d’écoute et d’échanges entre les partenaires et en cela c’était un peu déroutant au début mais finalement cela a facilité ma créativité. Clovis ne voulait pas non plus que quiconque me donne d’indication et je n’avais pas le droit de regarder le combo. J’étais isolée, comme dans un cocon, ce qui m’a mise en confiance. »
Bref, une comédie romantique savoureuse, et non dénuée de délicatesse. Il ne faut pas se laisser prendre à un titre qui n’est pas terrible, terrible quand même…
