VIGGO MORTENSEN, LE SOLITAIRE DE PATAGONIE

JAUJA_6__c__le_pacteJAUJA, de Lisandro Alonso – 1h48

Avec Viggo Mortensen, Ghita Nørby, Viibjørk Malling Agger, Adrian Fondari

Sortie : mercredi 22 avril 2015

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

Un avant-poste reculé au fin fond de la Patagonie, en 1882, durant la prétendue
« Conquête du désert », une campagne génocidaire contre la population indigène de la région. Les actes de sauvagerie se multiplient de tous côtés. Le Capitaine Gunnar Dinesen arrive du Danemark avec sa fille de quinze ans afin d’occuper un poste d’ingénieur dans l’armée argentine.
Seule femme dans les environs, Ingeborg met les hommes en émoi. Elle tombe amoureuse d’un jeune soldat, et tous deux s’enfuient à la faveur de la nuit. À son réveil, le Capitaine Dinesen comprend la situation et décide de s’enfoncer dans le territoire ennemi pour retrouver le jeune couple…

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Et alors ?

Il faut une vraie curiosité d’esprit pour se laisser porter par Jauja, cette histoire de la quête désespérée d’un homme pour retrouver sa fille. Le film s’inspire d’une légende mythologique de l’Amérique du sud. Selon elle, Jauja était une terre d’abondance et de bonheur. Beaucoup d’expéditions ont cherché ce lieu. Avec le temps, la légende s’est amplifiée d’une manière disproportionnée. Mais, ce que l’on sait de façon sûre, c’est que tous ceux qui ont essayé de trouver ce paradis terrestre se sont perdus en chemin… Lisandro Alonso explique ainsi la genèse du projet : « Il y a quelques années, j’ai reçu un email m’expliquant qu’une amie proche avait été assassinée loin de là où elle était née. Elle aimait beaucoup écrire sur le cinéma et en parler, peut-être trop. Perturbé par cette expérience, j’ai commencé à penser à ce projet où, suivant ses conseils, j’accorde un peu plus de place aux mots et à mon propre désir. Étrangement, je sens que ce travail a pris une tournure irréelle comme pour m’aider à penser le monde et le temps que nous habitons, et la façon dont nous disparaissons pour inexplicablement revenir, par des voies mystérieuses. »


Filmant sans faire de grands effets de caméra, Lisandro Alonso  (Los Muertos) sait créer une atmosphère pesante et se servir des magnifiques paysages de Patagonie, aussi vaste que vide, pour renforcer encore le chemin de croix du militaire dont le regard ne cesse de se perdre sur les immensités désertiques. Viggo Mortensen campe admirablement le soldat perdu qui dit le minimum de choses et s’enfonce dans une action vaine. « L’approche de Lisandro s’apparente à un constant processus de distillation : il insiste gentiment mais fermement sur la vérité intrinsèque, essentielle de tout moment particulier. »

Dans ce récit qui a des airs de Désert des Tartares, le cinéaste sait faire parler l’épure, dire en une séquence la solitude profonde des personnages comme dans l’ouverture avec les bains dans les vasques naturelles.  Le réalisme n’exclue pas un certain surréalisme comme dans la belle séquence de rencontre dans la grotte. Après, il faut être sensible à une certaine lenteur cinématographique et à une action qui tient sur un fil pour adhérer complètement à cette réalisation audacieuse mais très austère.

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