LEÏLA BEKHTI, REBELLE ET AMOUREUSE

Astragale 9L’ASTRAGALE, de Brigitte Sy – 1h37

Avec Reda Kateb, Leïla Bekhti

Sortie : mercredi 8 avril 2015

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

Une nuit d’avril 1957. Albertine, 19 ans, saute du mur de la prison où elle purge une peine pour hold-up. Dans sa chute, elle se brise l’os du pied : l’astragale. Elle est secourue par Julien, repris de justice, qui l’emmène et la cache chez une amie à Paris. Pendant qu’il mène sa vie de malfrat en province, elle réapprend à marcher dans la capitale. Julien est arrêté et emprisonné. Seule et recherchée par la police, elle se prostitue pour survivre et, de planque en planque, de rencontre en rencontre, lutte au prix de toutes les audaces pour sa fragile liberté et pour supporter la douloureuse Astragale 7absence de Julien…

Et alors ?

Adaptation du roman d’Albertine Sarrazin, un peu oublié aujourd’hui mais qui fit scandale à l’époque de sa sortie, ce film restitue fidèlement le parcours de cette jeune femme rebelle qui a passé, comme elle l’a écrit, « le quart de sa vie en prison« . Une tranche de vie qui ne pouvait que choquer dans la France des années 50, très conservatrice. Mais ce livre est, comme son adaptation le prouve, la description d’une belle histoire d’amour. « L’astragale est l’histoire d’un amour fou : celui d’une jeune fille de 20 ans pour un homme qui l’a recueillie blessée, au pied du mur de la prison dont elle vient de s’évader, une nuit d’avril 1957. La cavale d’Albertine s’achèvera en juin 1958, par son arrestation à Paris. L’action de mon film se déroule entre ces deux dates« , souligne Brigitte Sy. Avec une utilisation magnifique du noir et blanc, la cinéaste restitue le climat d’une époque avec ses petits bars, ses costumes, les bagnoles aujourd’hui devenues « vintage »… Elle rend aussi hommage à cette femme qui est aussi un symbole vivant de liberté. Une figure féministe avant l’heure.Astragale 4Pour porter un tel récit, il fallait deux comédiens qui assurent leur partition. Le duo formé par Leila Bekhti et Reda Kateb est à la hauteur. Au fil de l’histoire Leila Bekhti montre la transformation profonde de cette jeune rebelle qui progressivement assume sa féminité, et qui écrit simplement dans son livre : « J’ai bagarré, j’ai soupiré, j’ai rigolé ».

Face à elle, Reda Kateb joue une fois de plus dans un équilibre parfait pour donner vie à Julien Sarrazin et exprimer sa générosité et une forme de douceur même si le monsieur n’a pas vraiment le profil du fonctionnaire tranquille.

Cette touchante histoire d’amour « sans terre, sans maison« , selon les mots de la romancière,  est servie par le travail magnifique du chef opérateur Frédéric Serve et par des cadrages de toute beauté. Une adaptation solide d’un roman devenu culte et qui avait déjà été porté sur grand écran en 1969 avec Marlène Jobert dans le rôle principal.

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