UN HOMME IDÉAL, de Yann Gozlan – 1h37
avec Pierre Niney, Ana Girardot, André Marcon, Valéria Cavalli
Sortie : mercredi 18 mars 2015
Je vote : 2 sur 5
Quezako ?
Mathieu, 25 ans, aspire depuis toujours à devenir un auteur reconnu. Un rêve qui lui semble inaccessible car malgré tous ses efforts, il n’a jamais réussi à être édité. En attendant, il gagne sa vie en travaillant chez son oncle qui dirige une société de déménagement… Son destin bascule le jour où il tombe par hasard sur le manuscrit d’un vieil homme solitaire qui vient de décéder. Mathieu hésite avant finalement de s’en emparer, et de signer le texte de son nom… Devenu le nouvel espoir le plus en vue de la littérature française, et alors que l’attente autour de son second roman devient chaque jour plus pressante, Mathieu va plonger dans une spirale mensongère et criminelle pour préserver à tout prix son secret…
Après son premier film Captifs, Yann Gozlan change de registre en passant au pur thriller. Il le fait en brossant « le portrait d’un jeune homme en quête d’identité et qui va finir la perdre. » Avec, en toile de fond du récit, la description d’un gars qui rêve de devenir un écrivain connu et il va le devenir en piquant le manuscrit d’un autre.
La première partie du film tient toutes ses promesses en décrivant de façon habile ce garçon qui est plus habité par l’amour de l’écriture que par l’envie d’une quelconque réussite sociale. La réussite de ce mensonge va lui apporter notoriété, amour et argent mais, comme tout est construit sur un mensonge, sa vie ne tient qu’à un équilibre précaire. « En se faisant publier grâce au texte d’un autre, il est non seulement devenu ce qu’il avait toujours souhaité être mais a aussi conquis celle dont il était amoureux et qui lui semblait inaccessible. Même s’il rêverait qu’elle l’aime tel qu’il est, sans talent et sans inspiration,
leur relation est basée sur ce mensonge initial et c’est une véritable torture psychologique pour lui. Alice finit par devenir le moteur de chacun de ses actes« , souligne Yann Gozlan.
Dans un premier temps, l’histoire évoque alors avec beaucoup de finesse les difficultés de création, les aspirations profondes d’un écrivain en herbe. Et Pierre Niney change de registre avec bonheur en campant ce jeune Rastignac, prêt à tout pour maintenir les apparences et peut passer d’un registre romantique à l’expression d’une violence extrême. Il dit : « La problématique identitaire et les questions que pose le film sur l’art sont très inspirantes pour un comédien. Dès l’instant où il est pris au piège de son mensonge, Mathieu s’enfonce dans un engrenage qui l’oblige à accomplir un parcours initiatique dans les méandres du mal et cela donne matière à pas mal de questionnements : a-t-on besoin de traverser des épreuves aussi difficiles pour avoir quelque chose à dire ? Qu’est-ce qui permet de créer ? »La seconde partie du film, quand l’histoire bascule vers le thriller est, en revanche, un brin décevante malgré les clins d’œil à des films célèbres comme Plein Soleil, de René Clément. Outre la visualisation, pas vraiment réussie, des cauchemars de Mathieu, un certain nombre de scènes manquent de vraisemblance. On se demande ainsi comment Mathieu parvient à se débarrasser du corps sans réveiller quiconque dans la vaste demeure bourgeoise de ses beaux parents. Idem dans la séquence de nuit où il échappe par miracle à la vedette de la police. Pourtant, tous les moments où le cinéaste décrit la situation précaire d’un écrivain en manque totale d’inspiration, harcelé par son éditeur reste d’une grande force et crée une belle tension.
Cette faiblesse de l’histoire – le rebondissement final est vraiment invraisemblable à souhait- est d’autant plus dommage que les comédiens – et Pierre Niney en tête – sont justes de bout en bout. Mais il n’y avait pas besoin de son récent César du meilleur acteur pour en être convaincu…


