DAVID BOWIE, UN HÉROS AMBIGU

FURYO, de Nagisa Oshima – 2h02
Avec  David Bowie, Tom Conti, Ryuichi Sakamoto

Sortie : mercredi 18 mars 2015 (version restaurée 2K)

Je vote : 4 sur 5

CAPTURE_Furyo_20150206_002_0 CAPTURE_Furyo_20150206_007_0Quezako ?

Java 1942 : un camp de prisonniers est dirigé par le capitaine Yonoi, un chef japonais à la poigne de fer. A la crainte et au mépris qu’éprouvent les prisonniers et les subalternes du capitaine face à celui-ci, s’oppose la résistante étonnante d’un soldat anglais, Jake Celliers. Face à son attitude provocante, Yonoi devient de plus en plus sévère dans le but de faire plier cet officier insolent et  rebelle…

Et alors ?

CAPTURE_Furyo_20150206_006_0Sorti en  1983 et présenté à Cannes, Furyo n’a pas pris une ride malgré toutes ces années et la nouvelle version restaurée –  le film a été numérisé directement de l’interpositif, image par image – restitue la puissance visuelle de l’original.

Avec des longs plans séquences, une caméra qui s’attarde sur les visages, Oshima signe une mise en scène de toute beauté, ponctuée par les éclats des scènes violentes qui n’en sont que plus bouleversantes. Et on retrouve ici les thèmes chers du cinéaste, qui avait fait parler de lui avec son précédent film, L’Empire des sens : ceux du désir, de la violence et de la domination. Avec, en prime, la relation trouble suggérée entre Yonoi et Jake Celliers, car le capitaine ressent une indéniable attirance homosexuelle pour l’officier rebelle et aux mèches blondes.L’alchimie retrouvée du film tient aussi à l’affrontement des deux pop stars, David Bowie et Ryuichi Sakamoto, grand musicien nippon, et auteur de la bande originale du film,  aux boucles lancinantes. CAPTURE_Furyo_20150206_009_0Indéniablement, David Bowie signe ici sa meilleure prestation sur grand écran. Si son jeu reste d’un grand classicisme, il promène son charme permanent dans cet univers carcéral au cœur de la jungle. Et parvient à faire ressentir subtilement le malaise que provoque Jake Celliers à toutes ses apparitions face aux autorités japonaises. Un des moments les plus forts dans le film est la séquence où, narguant le capitaine ennemi,  il se met à dévorer une fleur d’un rouge écarlate devant le capitaine Yonoi au bord de la crise.

En jouant sur des névroses profondes, cette plongée dans un univers uniquement masculin, Nagisa Oshima signait là un opus qui garde toute sa puissance, bien des années après sa sortie. Et qui ressort au moment où l‘exposition sur David Bowie, montrée à la Philharmonique de Paris jusqu’au 31 mai, est saluée par tous les médias. Beau oui comme Bowie !

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