LA LONGUE MARCHE HISTORIQUE DES NOIRS AMÉRICAINS

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SELMA – Le dernier combat de Martin Luther King, d’Ava Duvernay- 2h02

Avec David Oyelowo, Tom Wilkinson, Carmen Ejogo, Tim Roth, Giovanni Ribisi

Sortie : mercredi 11 mars 2015

Je vote : 3 sur 5

L’histoire ?

Le film retrace la lutte historique du Dr Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens. Une dangereuse et terrifiante campagne qui s’est achevée par une longue marche, depuis la ville de Selma jusqu’à celle de Montgomery, en Alabama, et qui a conduit le président Johnson à signer la loi sur le droit de vote en 1965.

Et alors ?

« J’ai trouvé vraiment stupéfiant qu’aucun film n’ait été consacré à Martin Luther King depuis son 20150106153502-28160assassinat il y a cinquante ans. C’est à la fois étrange et malheureux et je suis ravie que « Selma » existe aujourd’hui » , confie Ava DuVernay qui retrace ici ces évènements dramatiques qui, au printemps 1965, ont modifié la conception des droits civiques aux Etats-Unis. Des marcheurs ont ainsi tenté à trois reprises de former un cortège pacifique qui relierait la ville de Selma à celle de Montgomery en Alabama pour défendre une idée simple : le droit de vote. Malgré des affrontements très durs, des intimidations, la dernière marche a permis le Voting Right Act de 1965.

20150112135358-86275Avec une grande précision dans la reconstitution, la réalisatrice nous fait revivre cette histoire au jour le jour, montrant les luttes qui se passent dans les coulisses du pouvoir, le racisme d’une partie de l’élite blanche – Tim Roth fait une composition saisissante du gouverneur George Wallace, le plus hostile aux Noirs – et les interrogations de Luther King qui porte ce combat de bout en bout. Pour information, dans la ville de Selma, seulement 130 Noirs sur 15 000 avaient pu s’inscrire comme électeurs et des citoyens commençaient à protester contre pareille discrimination.Ava DuVernay ajoute : « Ce que nous appelons ‘justice’ en Amérique est directement lié au droit de vote. Nous considérons souvent comme acquis ce que ce droit nous apporte, mais on oublie l’un de ses corollaires, celui de faire partie d’un jury. En Alabama, dans les années 60, être noir et ne s’être jamais inscrit, par peur, sur les listes électorales signifiait que vous ne pouviez pas être choisi comme juré dans un procès et pouvoir ainsi défendre l’un des vôtres. Jusqu’à ce que je me lance dans des recherches pour ce film, je n’avais pas vraiment réalisé à quel point le droit de vote affectait le quotidien des gens. »

On peut reprocher à la réalisation du film d’être un peu trop carrée, prévisible, le mérite de Selma reste de nous faire vivre de l’intérieur cette marche pour un droit essentiel, de nous faire appréhender les tensions qui peuvent exister entre les marcheurs et de nous montrer surtout un Martin Luther King intime.  Il montre aussi clairement comment le président Lyndon Banes Johnson – arrivé à ce poste par l’assassinat de Kennedy –  a dû gouverner un pays  vivant une vraie révolte sociale et s’opposer à une caste blanche très raciste.

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Le casting est enfin solide et David Oyelowo joue avec beaucoup de conviction un Luther King qui sera tué trois ans après à Memphis. Pour entrer dans la peau du leader pacifique, il a rencontré quelques témoins capitaux de la marche. Le comédien conclue : « Je ne peux que constater à quel point ce film est opportun à notre époque où les batailles semblent gagnées alors que les problèmes liés au droit de vote et à la discrimination raciale font toujours les gros titres. Les événements relatés dans « Selma » permettent de comprendre l’Amérique d’aujourd’hui. Sans King, il n’y aurait pas d’Obama. Sans King, il n’y aurait peut-être pas de droit de vote pour les Noirs. Sans tous les mouvements
protestataires des années 1960, nous ne jouirions sûrement pas de toutes les libertés qui sont les nôtres « aujourd’hui. Cela nous donne aussi une idée du lourd tribut qu’il a fallu payer. »

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