LA DUCHESSE DE VARSOVIE, de Joseph Morder – 1h26
Avec Alexandra Stewart et Andy Gillet
Sortie : mercredi 25 février 2015
Je vote : 3 sur 5
L’histoire ?
Jeune peintre, Valentin vit dans le monde imaginaire de ses tableaux. Quand il retrouve à Paris sa grand-mère Nina, une émigrée juive polonaise dont il se sent très proche, il lui confie son manque d’inspiration et sa solitude. Au fil de quelques jours passés ensemble, Valentin exprime de plus en plus le besoin de connaître le passé que Nina a toujours voulu taire…
2 raisons d’y aller ?
Un témoignage fort sur le devoir de mémoire. A travers le personnage de Nina, Joseph Morder revient sur le passé douloureux des survivants de la Shoah, dont sa mère fit partie. Avec beaucoup de grâce et de pudeur, Alexandra Stewart joue cette femme originale, et un brin fantasque. Même si elle a un brin hésité avant de se lancer dans l’aventure comme elle le raconte : » On s’était rencontrés, Joseph Morder et moi, comme acteurs sur un film de Jacques Rozier, qui n’a jamais été terminé. Puis Joseph m’a confié le rôle de sa mère dans une scène d’ »El Cantor », l’un de ses rares films tournés en 35 mm. J’avais beaucoup apprécié notre rencontre et sa manière de s’exprimer. Un jour, il m’a appelée pour me dire qu’il souhaitait de nouveau travailler avec moi : cette fois, il me proposait d’interpréter une version fantasmée de sa mère pour « La Duchesse de Varsovie ». J’ai beaucoup hésité, étant donné l’ampleur du défi, mais on se sentait en confiance l’un envers l’autre et il a fini par me convaincre de sauter le pas et d’endosser ce rôle. » Il lui faut ces retrouvailles avec son petit-fils, en pleine déprime créatrice et sentimentale, pour la pousser à raconter ce qu’elle n’avait jamais dit à ses propres enfants et ainsi « retrouver la mémoire ».

Un parti-pris esthétique. L’objet visuel a de quoi dérouté mais Joseph Morder a opté pour une proposition formelle audacieuse et parfois inégale : celle de tourner son histoire devant des décors de toile peinte en forme d’un Paris rêvé qui renvoie à bien des peintres du début du XXème siècle et qui offrent au film un univers lumineux et presque naïf. Ce qui donne au récit de Nina une force encore plus brutale. « C’était un vrai bonheur. Bien que je sois un cinéaste habitué aux décors naturels, j’ai toujours rêvé de faire mon « film hollywoodien ». J’ai trouvé une grande liberté en studio : on contrôle tout et on supprime tous les aléas du décor naturel », souligne Joseph Morder.
Sans toujours être touché par ce choix esthétique, cette histoire est un poignant exercice de mémoire porté par le jeu subtil d’Alexandra Stewart qui semble parfois spectatrice de son propre passé, ce qui donne encore plus de force à son propos.

