INUPILUK, de Sébastien Betbeder – 34 minutes
suivi de
+ LE FILM QUE NOUS NE TOURNERONS PAS AU GROENLAND – 32 minute
Avec Thomas Blanchard, Thomas Scimeca, Lucia Sanchez
Sortie : mercredi 25 février 2015
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Un soir, comme deux, trois ou quatre fois par semaine, Thomas rejoint Thomas au café, là où ils ont leurs habitudes. Mais l’esprit de Thomas est ailleurs, à l’autre bout du monde, dans les plaines du Groenland où vit son père. Un jour, Thomas doit recevoir à Paris deux de ses habitants, Ole et Adam, des amis de ce père vivant à l’autre bout du monde dans des contrées inhospitalières.
Jouant sur une situation paradoxale, celle de deux parisiens qui doivent servir de guide à deux Inuits sans parler un seul mot de leur langue, Sébastien Betbeder signe une récréation poétique et visuelle. Il raconte : « Confrontés à Ole et Adam, ils deviennent les « étrangers ». Deux individus singuliers, deux citadins européens dans une époque en crise, dont on observe avec curiosité les us et coutumes. C’est de l’ethnologie à l’envers ! Ce qui les caractérise aussi, c’est leur évidente générosité, leur curiosité. » De plus, ces deux copains qui ne semblent pas les plus acharnés au travail se révèlent le temps de jouer les guides en France et ne ménagent pas leur énergie pour faire découvrir l’Hexagone à leurs visiteurs.
Comme ils ont parfois des attitudes naïves, entre Pierre Étaix et Jacques Tati, les deux vieux potes donnent à ce récit une vraie atmosphère non dénuée d’humour. Que ce soit dans la drôle séquence où ils regardent tous ensemble un match à Roland Garros ou quand ils vont voir des animaux dans un zoo. Et, parce que le frère du producteur avait deux amis Inuits qui venaient en vacances pour dix jours – ce fut le point de départ du film – Sébastien Betbeder en a profité pour en passant à la fiction coller à la réalité et de choisir des lieux que ces touristes pas banals rêvaient de découvrir. Y compris quand il les film en train de se baigner. Tout un symbole car, pour un habitant du Groenland, la mer es d’abord un lieu de mort !
In fine, comme dans le précédent film du cinéaste, 2 automnes, 2 hivers, Sébastien Betbeder fait à nouveau le portrait de deux personnes qui refusent de grandir. Un film qui a permis à l’auteur de concourir à la cérémonie des Césars (catégorie courts métrages) .
Pour compléter le programme, il propose un autre court métrage en forme de plongée dans les coulisses de la préparation d’un film, celui que le cinéaste doit
tourner à partir du 25 mars au Groenland. Si l’exercice est moins réussi, peut-être parce qu’on connaît les deux protagonistes principaux, leurs tics visuels, il reste original en jouant entre making of et fiction comme en témoigne la séquence du parc où une amie de Thomas, Lucia, raconte avec beaucoup de véracité comment sa cousine a perdu son bras… Comme un avant goût du film à venir, Le Voyage de Kullorssuaq que le cinéaste définit ainsi : « Quelques une des propositions énoncées dans « Le film que nous tournerons au Groenland » seront reprises. Il y sera aussi question de course de chiens de traîneaux, de dégustation d’yeux de phoques, d’amitié, de relation au père. Ce sera une comédie qui laissera place à des moments de véritable mélancolie. Et, bien évidemment, le film sera nourri par tout ce que nous vivrons là-bas et dont nous ignorons encore la teneur. » La formule « à suivre » trouve ici tout son sens…

