TU SERAS DEUX HOMMES, MON FILS…

MON FILS, de Eran Riklis – 1h44

avec Tawfeek Barhom, Yaël Abecassis

Sortie : mercredi 11 février 2015

Je vote : 4 sur 5

Image 5L’histoire ?

Iyad a grandi dans une ville arabe en Israël. A 16 ans, il intègre un prestigieux internat juif à Jérusalem. Il est le premier et seul Arabe à y être admis. Il est progressivement accepté par ses camarades mais n’a qu’un véritable ami, Yonatan, un garçon atteint d’une maladie héréditaire. Iyad se rapproche de la famille de Yonatan, apportant du courage et de la force à sa mère Edna. Il devient vite le deuxième fils de la famille…

Et alors ?

Déjà auteur de deux films remarqués – La Fiancée syrienne, Les Citronniers – Eran Riklis a Image 2toujours traité du conflit au Proche-Orient, à travers des personnages, des situations particulières. Cette fois, il n’a pas choisi la facilité en abordant ce qu’il nomme « un conflit intérieur« . Explications : « Il oppose les Palestiniens qui vivent en Israël, et qui sont des citoyens israéliens, et les Juifs israéliens. » S’inspirant de romans de Sayed Kashua, il signe un récit d’une intelligence exemplaire, et porteur d’un message d’amour (et d’humour), en suivant des personnages déchirés dans leur identité. Que ce soit Iyad, bien sûr, qui plus est amoureux d’une jeune fille juive, que la mère de son ami, Yonatan, admirablement campée par Yael Abecassis…

Plaçant son récit dans les années 80 et 90, entre guerre du Liban et première Guerre du Golfe – deux moments clés dans la vie d’Israël- il donne une résonance particulière à ce que ressent Iyad. « Comme Iyad grandit pendant ces guerres, et dans la période qui les sépare, sa personnalité, ses choix – et ceux de ses parents –, son identité et son parcours sont
marqués par ce contexte. Du coup, la fusion entre identité individuelle et identité nationale
est parfaitement pertinente, et c’est ce que je recherche toujours chez mes personnages
et dans mes décors. Par ailleurs, le fait de situer l’histoire dans le passé permet de
Image 8prendre du recul et de porter un regard sur les événements sans ressentiment, mais
plutôt avec compréhension et compassion »,  souligne le cinéaste.

S’il ne faut absolument pas dévoiler la fin de l’histoire, qui donne une indéniable portée politique au film, il y a dans ce nouvel opus du cinéaste israélien un vrai hymne à l’amour et à la tolérance, sans qu’il ne cède jamais au moindre pathos. Cette pudeur s’exprime notamment dans les séquences où l’on découvre la déchéance physique progressive de Yonatan. Et l’amitié profonde entre ces deux êtres marginalisés – l’un par la maladie, l’autre par sa naissance – en dit plus qu’un long discours.

C’est subtil, profond et c’est aussi une belle leçon de tolérance d’un cinéaste qui a le courage de se remettre en question à chaque film.

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