L’AVALANCHE DE TOUS LES DANGERS

SNOW THERAPY, de Ruben Östlund – 1h58

avec Johannes Bah Kuhnke, Lisa Loven Kongsli, Clara Wettergren, Vincent Wettergren

Sortie : mercredi 28 janvier 2015

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

09fc-07----frederik-wenzelUne famille suédoise passe quelques  jours de vacances dans une station de sports d’hiver des Alpes françaises. Le soleil brille et les pistes sont magnifiques mais lors d’un déjeuner dans un restaurant de montagne, une avalanche vient tout bouleverser. Les clients du restaurant sont pris de panique, Ebba, la mère, appelle son mari Tomas à l’aide tout en essayant de protéger leurs enfants, alors que Tomas, lui, a pris la fuite ne pensant qu’à sauver sa peau… Mais le désastre annoncé ne se produit pas, l’avalanche s’est arrêtée juste avant le restaurant, et la réalité reprend son cours au milieu des rires nerveux. Il n’y a aucun dommage visible, et pourtant, l’univers familial est ébranlé…

Et alors ?

« Snow Therapy » trouve ses origines dans une question qui me fascine depuis longtemps : comment les êtres humains réagissent-ils dans des situations nouvelles et inattendues, comme une catastrophe par exemple ?  » souligne Ruben Östlund. Le scénario lui a été aussi soufflé par l’expérience vécue par deux amis suédois quelques années auparavant : alors qu’ils étaient en Amérique latine, des hommes armés étaient entrés dans le lieu où ils se trouvaient et ont commencé à tirer. Suivant son instinct, son ami s’est enfui, laissant sa femme seule… Là, le père de famille prend la poudre d’escampette laissant sa femme, son fils et sa fille face au danger. Le cinéaste poursuit : « Dans ce film, « l’homme civilisé » se retrouve confronté à la « Nature ». Les personnages vivent ce drame et le père, Tomas, doit faire face à son côté primitif, car ses instincts le conduisent à se sauver et à abandonner ses enfants et sa femme. Il doit faire face à la réalité : lui aussi est soumis aux forces de la nature et il n’a pas réussi à dissimuler son réflexe le plus élémentaire, l’instinct de survie. »

0338-01----frederik-wenzel

L’idée du film est d’une grande efficacité et la mise en scène – efficace et élégante – a valu à son auteur le prix du Jury, dans la sélection Un certain regard, au dernier festival de Cannes. Ruben Östlund joue très bien sur l’opposition entre l’univers feutré de ce grand hôtel de luxe et les paysages enneigés à perte de vue où le seul bruit vient des explosions provoquées par les hommes pour déjouer les risques d’avalanche. Il y a notamment -même si elles sont parfois un brin redondantes – de belles séquences nocturnes avec le ballet des engins qui déblaient les pistes dans la station des Arcs, en Savoie, où le film fut tourné.

L’opus est bien joué et les relations tendues homme-femme bien décrites avec la scène récurrente du lavage des dents qui montre bien la routine dans laquelle le duo s’est installé . Mais, le film manque un peu de peps car il a du mal à trancher entre une fable sur la crise de la masculinité moderne; une comédie grinçante sur le couple, ou un vrai psychodrame sur un ménage qui se déchire… Ce qui donne un récit qui passe d’un registre à l’autre sans offrir une vraie unité. Ainsi quand la mère (Lisa Loven Kongsli) se soulage dans un petit bois et se met à pleurer, on se demande quelle est la logique de la séquence à ce moment du récit. De même, on passe de l’auscultation de la vie de cette famille à une interrogation sur la liberté du couple quand la mère de famille converse avec une autre touriste, qui mène une vie conjugale très libre.

Tout cela concourt à faire un film de belle facture et bien joué mais dont le ton pourrait être plus grinçant que ça.

a986-20----frederik-wenzel

Laisser un commentaire