MY TWO DADDIES, de Travis Fine – 1h38
avec Alan Cumming, Garret Dillahunt
Sortie : mercredi 7 janvier 2015
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Dans la Californie des années 80, un couple d’homosexuels se bat contre la justice et les préjugés pour conserver la garde d’un enfant trisomique qui leur a été confié.
Et alors ?
Une nouvelle fois, le cinéma traite du combat de deux homosexuels. Mais, cette fois, ils se battent, dans les années 80, pour s’occuper d’un enfant dont ils ont la garde après que sa mère, junkie et prostituée, a été incarcérée. Mais, l’un des deux « pères » est travesti et l’enfant est lourdement handicapé… Ce scénario a été inspiré au romancier George Arthur Bloom par un voisin de Brooklyn, Rudy qui s’occupait parfois d’un gamin handicapé de son immeuble. Plusieurs cinéastes avaient failli tourner l’histoire – Tommy Lee Jones à Sylvester Stallone avaient été même pressenti pour jouer les personnages principaux – mais le projet est resté dans les tiroirs. Vingt ans plus tard, le fils du scénariste a proposé l’histoire à Travis Fine qui a mené le film à son terme et dit : « Le personnage de Rudy me faisait penser à celui de Ratso Rizzo dans « Maccadam Cowboy ». Il y avait des éléments qui me rappelaient le cinéma que j’aime, j’ai mis une option sur le script. »
Il réussit un équilibre miraculeux avec un récit qui pourrait être prétexte à bien des caricatures et parvient, in fine, à émouvoir, faire réfléchir et poser le problème du regard que la société porte sur les êtres différents. Allan Cumming parvient parfaitement à montrer la solitude de Rudy, ce travesti qui vit en marge de la bonne société américaine. Le comédien souligne : « Je voulais lui donner une sorte d’arrogance qui soit nécessaire pour sa survie, puis faire appel à d’autres choses comme l’humour et l’autodérision. »
Quant à Paul, son compagnon (GarretDillahunt), avocat de profession et contraint d’afficher une image publique consensuelle dans une Amérique rétrograde, il symbolise la lutte pour la différence. Comme le dit le comédien : « Il est simplement subversif en étant lui-même. »
En reconstituant minutieusement l’atmosphère des années 80, en décrivant finement le climat des procès qu’affrontent ces pères pas comme les autres, Travis Fine signe un film subtil où la musique tient un rôle marquant. Ainsi quand Rudy chante I Shall Be Released, de Bob Dylan. Allan Cumming ajoute : « Quand je chante « Je te jure mon amour. Nous allons être libérés », c’est un moment tellement fort. C’est troublant de voir à quel point la chanson évoque parfaitement leur histoire. »
A travers le parcours de ces deux pères, le cinéaste apporte un regard original sur l’adoption et l’amour de deux pères capables de « donner de l’amour à un enfant« . Une histoire puissante et poignante et une composition parfaite d’Alan Cumming reconnu par de nombreux prix.

