C’EST LA FEMME QUI PREND LA MER…

FIDELIO, L’ODYSSÉE D’ALICE, de Lucie Borleteau – 1h37

Avec ArianeLabed, Melviv Poupaud, Anders Danielson Lie

Sortie : mercredi 24 décembre 2014

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

Alice, 30 ans, est marin. Elle laisse Félix, son homme, sur la terre ferme, et embarquecomme mécanicienne sur un vieux cargo, le « Fidelio ». A bord, elle apprend qu’elle est là pour remplacer un homme qui vient de mourir et découvre que Gaël, son premier grand amour, commande le navire. Dans sa cabine, Alice trouve un carnet ayant appartenu à son prédécesseur. La lecture de ses notes, entre problèmes mécaniques, conquêtes sexuelles et mélancolie amoureuse, résonne curieusement avec sa traversée…

film.00000009Et alors ?

Pour son premier long métrage, Lucie Borleteau s’est inspirée de la vie d’une amie proche qui, alors qu’elle faisait ses études de cinéma, avait choisi de faire carrière dans la Marine marchande. En commençant un travail de documentariste, elle a accumulé les informations, multiplié les rencontres avec de vrais marins. Elle dit : « Je les ai écoutés parler du métier, du monde, des difficultés ou des joies à concilier la vie de marin et la vie amoureuse. Et je me suis lancée dans l’écriture d’une fiction. »
Elle parvient à merveille à faire ressentir la vie – et l’isolement dans la promiscuité – dans un navire. Capte parfaitement la puissance qui se dégage d’une salle des machines, ses dangers aussi, en filmant les recoins des entrailles de la bête. Tout comme, elle restitue bien les relations à bord, le mélange des cultures, des distractions…Il lui fallait aussi trouver la comédienne idéale : elle a eu la main heureuse avec  Ariane Labed, repérée dans Attenberg. Si elle peut paraître de prime abord trop jolie pour camper cette chef mécanicien, Ariane Labed parvient à exprimer un certain mystère, à évoquer les fêlures intimes de cette jeune femme, soudain confrontée à un milieu exclusivement masculin tout en retrouvant ce premier amour dont on sent qu’il fut dévastateur. Avec Melvil Poupaud, très juste dans la peau du commandant de bord, elle forme un couple romanesque à souhait. Une belle prestation qui a valu à la comédienne un méritée prix d’interprétation féminine au dernier Festival de Locarno.

Pour ce premier film, la cinéaste parvient à mêler avec finesse émotions et romanesque dans un cadre qui sort vraiment de l’ordinaire.

film.00000008_0 FX RosanvallonA travers son histoire, la réalisatrice sait trouver un ton à travers ce portrait de marins qui, au passage, tord le cou à une forme de racisme latent. Ce n’est déjà pas si mal. D’autant plus que le film restitue aussi en toile de fond très finement le rythme de vie de ces gens de mer avec l’alternance de plages de stress mais aussi de moments d’attente avec un temps qui n’en finit plus de s’étirer. Avec de belles séquences comme celle où Alice découvre le cargo où elle embarque par temps de brume.

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