LA TERRE ÉPHÉMÈRE, de George Ovashvili – 1h30
Avec Ilyas Salman, Mariam Buturishvili, Irakli Samushia
Sortie : mercredi 24 décembre 2014
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Sur le fleuve Inguri, frontière naturelle entre la Géorgie et l’Abkhazie, des bandes de terres fertiles se créent et disparaissent au gré des saisons. Un vieil Abkhaze et sa petite fille cultivent du maïs sur une de ces îles éphémères. Le lien intense qui les lie à la nature est perturbé par les rondes des gardes-frontières.
Et alors ?
Second long métrage de George Ovashvili – après L’Autre Rive, qui connut une belle carrière internationale – ce film permet au cinéaste, âgé aujourd’hui de 51 ans, de se souvenir de vacances estivales en Abkhazie où il connut un premier amour, bien avant que la guerre n’éclate. Car, en 1992, la donne a changé. Il raconte : « Un jour, en Pitsunda, une des plus belles régions d’Abkhazie, un type, un pistolet à la main, nous a dit : « vous devez quitter notre terre, vous êtes géorgiens ». C’était en août 1992, la guerre commençait. » La suite ? Ce fut l’exode de quelques 150 000 Géorgiens…
Avec le recul, il a imaginé cette histoire d’un vieux paysan qui cultive une île éphémère au milieu du fleuve et tente de préserver un ilot de paix dans un contexte hostile comme le prouvent les rafales de mitraillettes entendues dans les bois voisins, la présence permanente de patrouilles du fleuve et l’arrivée du soldat blessé dans le champ de maïs que le vieil homme va protéger en compagnie de sa petite fille. A la fois, message de paix mais aussi regard écologique avec la manière de montrer que la nature ne peut être endiguée par la volonté de l’homme, ce film en forme de conte est servi par une belle mise en scène, lente, où la parole est avare et les regards pesants. A cet égard, Ilyas Salman, avec son visage buriné à la Derzou Ouzala, donne une grande force à ce récit avec sa manière de tenter jusqu’au bout de défendre cet île aussi éphémère que neutre dans le climat belliqueux. Avec une atmosphère qui rappelle aussi celui du Désert des Tartares où l’on ne sait pas vraiment quand l’ennemi va surgir.
A son côté, la jeune fille campée avec grâce par Mariam Buturishvili, est une figure féminine et sensuelle qui détonne dans cet univers de guerre feutrée. Un duo qui symbolise une sorte de rêve d’un paradis perdu.
Si le film peut dérouter par sa lenteur, ses silences, l’histoire est belle et la réalisation en 35 mm solide offre des séquences d’une grande force esthétique.


