Menacée par de mystérieux hackers, le studio américain Sony a renoncé à la sortie de son film, The Interview, une comédie dans la lignée de Borat. Une première dans l’univers du cinéma.
The Interview, c’est un film de Noël de Seth Rogen, parodiant un complot fictif de la CIA pour assassiner le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un. L’annonce de sa sortie a déclenché la colère de mystérieux hackers qui ont livré sur le Web des données sensibles du studio américain -mots de passe, documents financiers, dossiers médicaux des salariés de Sony, e-mails des patrons remplis de secrets de production…- et envoyé des menaces sans ambiguité. « Nous vous montrerons clairement là où « The Interview » sera projeté, à quel sombre destin doivent être condamnés ceux qui cherchent le divertissement dans la terreur. Le monde sera paralysé par la peur. Souvenez-vous du 11 septembre 2001. »
Le département de la Sécurité intérieure des Etats-Unis ont jugé que c’était du bluff, en l’absence d’indices « crédibles d’un attentat contre les cinémas », Sony Pictures a tranché, et une porte-parole du studio a indiqué que sa société n’avait « plus aucun projet de sortie pour le film« . La décision est une première car, outre l’annulation de la sortie en salles aux Etats-Unis, le film ne devrait pas non plus être proposé à l’international, en vidéo à la demande ou en DVD ! Très hostile au film qui met en scène son leader adoré, la Corée du Nord a nié être à l’origine de toute attaque mais à salué ceux qui l’avaient commise.
Cette auto-censure fera date dans l’histoire du cinéma et fait quand même un peu peur. On se demande ce qu’il pourrait désormais advenir d’un documentaire à charge contre
telle ou telle dictature. Sur son compte twitter, le comédien Rob Lowe qui fait une apparition dans le film a envoyé ce message dans la soirée du 17 décembre : « J’ai vu Seth Rogen à (l’aéroport) JFK. Aucun de nous n’avait jamais vu ou entendu chose pareille. Hollywood a rendu Neville Chamberlain très fier aujourd’hui », en évoquant le dirigeant britannique qui avait joué l’apaisement face à Hitler quelques mois avant la Seconde Guerre mondiale avec le succès que l’on sait. De son côté, Steve Carell a tweeté un « Triste jour pour la liberté d’expression !«
Reste à savoir si, à l’avenir, les salles de cinéma censureront n’importe quel film recevant une menace anonyme… Véritable espace de liberté, Internet peut ainsi devenir une redoutable arme de censure et de guerre contre la liberté d’expression et de parodier. Les hackers ont en tout cas réussi leur pari : semer la pagaille dans l’industrie du cinéma.
