UNE FABLE SUR L’AFRIQUE DES DICTATURES

9881-run_01_credit_f.regairazRUN, de Philippe Lacôte – 1h40

Avec Abdoul Karin Konaté, Isaach de Bankolé, Reine Sali Coulibaly

Sortie : mercredi 17 décembre 2014

Je vote : 3 sur 5

L’histoire ?

Un jeune homme s’enfuit après avoir abattu le Premier ministre de la Côte d’Ivoire.  Dans sa fuite, sa vie lui revient par flashes: son enfance avec maître Tourou quand il rêvait de devenir faiseur de pluie, ses aventures avec Gladys la mangeuse et son passé
de milicien en tant que Jeune Patriote, au coeur du conflit politique et militaire
en Côte d’Ivoire…

Et alors ?

« Le dernier conflit politique et militaire en Côte d’Ivoire a fait 3000 morts. J’ai d’abord cherché par une approche documentaire, à témoigner de cette décennie de crise.
Pour « Chroniques de guerre en Côte d’Ivoire », j’avais filmé mon quartier, une banlieue populaire d’Abidjan, au jour le jour, et réalisé des interviews de Jeunes Patriotes, qui soutenaient activement l’ancien président Laurent Gbagbo… Avec « Run », j’ai poursuivi mon travail d’observation de ce territoire en crise. Et j’ai tenté un nouvel éclairage du fca1-run_05_credit_bansheefilmspolitique, cette fois-ci par le moyen de la fiction« , souligne Philippe Lacôte.

En couvrant trois périodes de la vie de Run – enfance, adolescence et âge adulte – en racontant une trajectoire individuelle originale et emblématique, Philippe Lacôte signe à la fois un portrait très sensible d’un pays, décrit sa beauté avec le mélange de violences et de mysticisme, montre l’importance de la nature dans la culture quotidienne… Le tout sans se départir d’un certain humour comme dans la séquence avec Gladys, cette mangeuse professionnelle, haute en couleurs.

Entre fiction et réalité, le cinéaste signe une fable prenante en suivant ce jeune homme qui ne cesse de courir après son destin. Confidences du cinéaste : « En Côte d’Ivoire, aujourd’hui, 75 % de la population a moins de 30 ans, et les parcours individuels sont chaotiques, si bien que la course incarnait pour moi, non pas une fuite lâche, mais un élan vital : le protagoniste est bloqué dans sa vie et cherche une issue.  » S’il se déguise en fou pour parvenir à ses fins, c’est symboliquement une manière de montrer que seul, un être possédé peur oser s’élever contre un tel désordre établi. Outre l’histoire, ce premier long métrage prometteur touche aussi par la mise en scène où la description d’un quotidien violent n’empêche pas des séquences belles et poétiques, notamment dans l’évocation du faiseur de pluie. Un film qui ne peut que surprendre…

8f17-run_04_credit_bansheefilmsL’étonnante séquence entre Run et la « mangeuse professionnelle »

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