BÉRÉNICE BEJO : UNE FEMME DANS LA GUERRE

539711THE SEARCH, de Michel Hazanavicius – 2h14

Avec Bérénice Béjo, Annette Bening, Nino Kobakhidze, Nika Kipshidze Maxime Emelianov

Sortie : mercredi 26 novembre 2014

Je vote : 2 sur 5

Quezako ?

Pendant la seconde guerre de Tchétchénie, en 1999, c’est l’histoire de quatre destins que la guerre va amener à se croiser. Après l’assassinat de ses parents dans son village, un petit garçon fuit, rejoignant le flot des réfugiés. Il rencontre Carole, chargée de mission pour l’Union Européenne. Avec elle, il va doucement revenir à la vie. Parallèlement, Raïssa, sa grande sœur, le recherche activement parmi des civils en exode. De son côté, Kolia, jeune Russe de 20 ans, est enrôlé dans l’armée. Il va petit à petit basculer dans le quotidien de la guerre.

Et alors ?

Il faut reconnaître à Michel Hazanavius un mérite : ne pas s’endormir sur ses lauriers. Après le triomphe mondial mérité de The Artist, et ses comédies à succès, il change radicalement de cap cette fois avec un film de guerre dont il avait l’idée depuis longtemps et dont le succès de The Artist lui a permis de trouver le financement. Il s’est inspiré des Anges marqués  réalisé, en 1948,  par Fred Zinnemann avec Montgomery Clift dans le rôle principal. Michel Hazanavicius a transposé l’histoire d’un soldat américain tentant d’aider un garçon à retrouver sa mère dans le Berlin de l’après-guerre, dans le contexte de la guerre Tchétchénie  en 1999.

ARP7496Pour réaliser ce film, il a passé six mois en Géorgie, en faisant appel à de nombreux figurants non professionnels tchétchènes, géorgiens et russes qui ne parlaient  ni français ni anglais. Une difficulté de tournage de plus auquel s’est ajoutée  une météo capricieuse et une logistique  très importante  (matériel militaire, hélicoptères,…) Après l’accueil moyen au dernier Festival de Cannes, Michel Hazanavius a opté pour une version plus courte – il a coupé 20 minutes de la présentation initiale – pour  recentrer le récit sur l’aspect humaine de l’histoire.

D’emblée, on ressent l’engagement profond du cinéaste pour cette cause et la description sans fard du terrible conflit tchétchène et de la situation vécue par les populations locales. A travers le personnage  de Carole  (Bérénice Bejo), il plonge le spectateur dans le quotidien de la guerre dans ces villes grises, sinistres où les enfants errent comme des chiens perdus. Indéniablement, le réalisateur sait filmer les moments d’action et notamment dans les scènes où il décrit le quotidien des soldats russes, comme dans la scène d’ouverture où sont massacrés les parents du gamin, il maîtrise son sujet.Là où le film manque sa cible, c’est dans le mélange des genres et un certain éparpillement des histoires qui 505637n’ont pas la même densité. Certaines apartés de Carole avec sa mère qui la poursuit au téléphone n’apporte rien au récit et ses réflexions à haute voix faite, quand elle le recueille chez lui, au petit réfugié sonnent creux. A cet égard, le film dérape ainsi dans une atmosphère de mélo déjà vu. C’est d’autant plus dommage que le personnage très bien joué par Annette Bening de responsable un peu rigide de l’orphelinat donne au récit une profondeur certaine.

Si la partie de description  de la vie d’une jeune recrue russe – enrôlé de force après avoir été arrêté en possession d’un peu de shit – est juste, même si elle l’apporte rien de plus au cinéma de genre après des opus puissants comme Full Metal Jacket, elle n’offre pas un ensemble homogène avec le reste des autres récits. Et trop de démonstration finit par tuer la force de l’histoire. Les bons sentiments ne font pas toujours les œuvres fortes et Michel Hazanavicius est, in fine, victime d’un scénario d’une grande naïveté.

 

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