ASIA ARGENTO AU CHEVET DE L’ENFANCE

Lincomprise3©Stefano IachettiL’INCOMPRISE, d’Asia Argento – 1h43

Avec Charlotte Gainsbourg, Giulia Salerno, Gabriel Garko, Carolina Poccioni

Sortie : mercredi 26 novembre 2014

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Quezako ?

Aria, neuf ans, fait face à la séparation très violente de ses parents. Au milieu de leurs disputes, mise à l’écart par ses demi-sœurs, elle ne se sent pas aimée.  Ballotée de l’un à l’autre, elle erre à travers la ville avec son sac à dos et son chat noir.

Et alors ?

Pour son troisième film, Asia Argento évoque la crise de l’adolescence, en rendant hommage au célèbre film de Luigi Comenci, L’Incompris sorti en 1967. Même si elle souligne : « Si j’ai emprunté Lincomprise2©Angelo Turettale titre au film de Comencini, le parallèle s’arrête là. Le héros de « L’Incompris » n’est pas forcément très aimable. Sa douleur en fait même quelqu’un d’assez horripilant, même si à la fin il y a une rédemption. Le père comprend enfin sa douleur. Aria est différente. Elle ne comprend pas le monde des adultes et essaye de s’en sortir avec ses armes et son intelligence. Elle subit moins. Les adultes autour d’elle ont trop d’égo pour supporter une gamine intelligente. Aria, contrairement à ses soeurs, n’accepte pas le comportement de ses parents, de devenir leur petit toutou. L’une devient presque une concubine pour son père, l’autre est l’idole de sa mère. Et au milieu, il y a Aria, trimballée à droite et à gauche car ils ne savent pas quoi en faire. Une récente étude aux Etats-Unis indique que 70% des pères et 65% des mères, préfèrent leur premier enfant aux autres. »

Elle a choisi de situer les errances d’Aria dans les années 80, à une époque où ni les réseaux sociaux, ni les téléphones mobiles n’existaient et où les adolescents devaient « sortir pour voir les autres. » Pour reconstituer cette époque, symboliser le jeu des souvenirs, elle a opté pour une couleur altérée, celle des vieux polaroïds. Indéniablement, elle a trouvé avec la jeune Giulia Salerno une interprète de choix tant cette jeune actrice parvient à exprimer sur son visage une foule d’émotions et à faire « parler » ses silences.

Lincomprise5©Angelo TurettaPour autant, les longues errances nocturnes de cette adolescente rejetée finit pas sembler longue tant la cinéaste ne parvient pas à nous impliquer dans une histoire dont certaines séquences – la plongée dans l’univers rock par exemple – sont datées, voire caricaturales. Même constat pour les parents. Charlotte Gainsbourg semble prisonnière du personnage de cette mère égocentrique et Gabriel Garko campe un père, comédien raté qui pourrait sortir d’un téléfilm des années 60 et surjoue beaucoup.

Au final, le portait de cette enfant qui refuse de « jouer les victimes » comme elle le dit à la fin, ne parvient pas à nous impliquer dans un récit à la mise en scène trop décousue qui multiplie les angles, les points de vue sans trouver une vraie colonne vertébrale narrative.

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