UN DJ QUI EST UN VRAI LOSER

EDEN, de Mia Hansen-Løve – 2h11

Avec Félix de Givry, Pauline Etienne, Roman Kolinka, Vincent Macaigne, Laura Smet, Golshifteh Farahani, Vincent Lacoste

Sortie : mercredi 19 novembre 2014

Je vote : 2 sur 5

Quesako ?

Dans les années 90, Paul fait ses premiers pas dans le milieu de la nuit parisienne. Passionné de musique, il créé avec son meilleur ami le duo de DJ’s « Cheers ». Ils trouveront rapidement leur public et vivront une ascension vertigineuse, euphorique, dangereuse et éphémère. Aspiré par sa passion, Paul en oubliera de construire sa vie.

EDEN-1-750x424Et alors ?

Mia Hansen-Løve a co-signé ce scénario avec quelqu’un qui connaît bien la musique électronique et pour cause : son frère Sven fut DJ pendant vingt ans. La réalisatrice souligne : « Il éprouvait lui aussi le besoin de tout reprendre à zéro et commençait notamment à écrire, ce qu’il avait toujours voulu faire. La vision d’ »Après Mai », d’Olivier Assayas, qui raconte son adolescence et à travers elle l’histoire de sa génération a alors servi de déclencheur. Son film m’a permis de me demander : « Et si je faisais un film sur ma génération, sur la jeunesse des années 90-2000, d’un point de vue plus « large » que celui d’ »Un amour de jeunesse », à quoi cela ressemblerait ? ». L’histoire de mon frère, son parcours de DJ depuis la naissance des raves, la découverte de la musique électronique, jusqu’à l’explosion mondiale de la French Touch et une certaine désillusion qui l’a amené à changer de vie, m’ont paru résumer de manière très pertinente l’énergie et les aspirations de ma génération. »

La bonne idée c’est d’avoir construit sur vingt ans le portrait d’un jeune homme qui ne rivalisera jamais avec les Daft Punk, un loser qui finit par animer des fêtes pitoyables chez un riche marocain où tout le monde se fiche complètement de sa prestation. C’est surtout  l’occasion  de raconter par petites touches comme la French Touch est née et a fait connaître la musique électronique made in France dans le monde entier. Le tout non sans une certaine dose d’humour ainsi quand, sans être casqués, les Daft Punk sont éjectés dans les clubs parce qu’ils ne sont pas bien habillés ! EDEN-4-750x423

L’autre bonne idée sur le papier, c’était de nourrir cette description de toute une époque musicale  avec une foule de personnages secondaires, de l’auteur de BD déprimé au producteur plus vieux mais qui la joue branché (Vincent Macaigne toujours très à l’aise) aux inévitables figures féminines qui gravitent dans ces fêtes avec notamment la présence inattendue de Golshifteh Farahani, dans le rôle d’une jeune fille accro à la cocaïne et un brin déjantée. Le tout, sans que l’on sache vraiment où s’arrête la frontière entre fiction et réalité. Confidences de la réalisatrice : « Sven et moi avons en commun la capacité de naviguer simplement entre réalité et fiction. Nous avons le même plaisir à passer de l’un à l’autre. Par ailleurs, Sven n’a jamais cherché à protéger ses souvenirs. Il me les a livrés très librement, il n’y avait pas de censure. Cela nous a permis de partager une totale complicité dans l’écriture. Maintenant, tout se confond, et j’ai du mal à déterminer dans le film ce que Sven m’a raconté, ce qui vient de mes propres souvenirs, ou encore, ce que j’ai inventé. En revanche, nous sommes toujours restés très exigeants voire maniaques concernant la musique, les fêtes, les chanteurs et producteurs de Garage, l’aspect documentaire du film. »

Si la description des fêtes et des nuits électroniques est solide, documentée et jamais cheap, la fiction manque vite de rythme. D’autant plus que,  promenant  une mélancolie certaine, un mal de vivre pesant, les personnages ne sont pas vraiment attachants, notamment Félix de Givry qui joue ce jeune musicien dont la mollesse devient  pesante. Quant à Laura Smet, elle fait une apparition un brin hystérique qui n’apporte un ressort dramatique de plus à ce récit et campe une figure féminine  finalement très caricaturale.

Manquant de nerf et de ressorts dramatiques, l’histoire de ces jeunes mordus de bidouillages sonores  finit alors par devenir ennuyante. C’est d’autant plus sensible que le film dépasse les deux heures et que les longueurs sont d’autant plus sensibles.

EDEN-2-750x423

Laisser un commentaire