MALKOVICH EN SÉDUCTEUR VIEILLISSANT

RGB tiff image by MetisIPCASANOVA VARIATIONS, de Michael Sturminger – 1h58

avec John Malkovich, Veronicar Ferres, Florian Boesch, Miah Person

Sortie : mercredi 19 novembre 2014

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

Casanova a accepté de devenir bibliothécaire du château de Dux en Bohême. En fin de vie, il s’est mis à écrire son histoire. C’est dans ce cadre qu’il reçoit la visite d’Elise von der Recke qui s’intéresse de près à son manuscrit. Il reconnaît dans ses traits une jeune fille qu’il avait séduite jadis et qui avait voulu mourir pour lui…

2 raisons d’aller voir ce film ?

Une mise en abyme réjouissante. Michael Sturmiger joue sur tous les tableaux dans cette histoire qui même tous les modes artistiques pour évoquer ce maître la séduction : aux extraits d’opéras de Mozart ou des Mémoires de Casanova se glissent la représentation d’un spectacle, des jeux de scène en trompe l’œil et des apartés en coulisses. « Le projet « The Giacomo Variations « m’occupe depuis plus de trois ans. En version théâtre, il visait déjà à dépasser les frontières du genre. La version film, Casanova variations, que nous vous présentons est pour moi et mes partenaires artistiques l’aboutissement ultime de cette expérience hors du commun. Ce projet est un mélange de cinéma, musique, théâtre, littérature et histoire qui pille les plus grands chefs-d’œuvre de l’0péra – à savoir « Le Nozze di Figaro », « Don Giovanni » et « Così fan tutte » – ainsi que le trésor immense que Giacomo Casanova nous a légué avec son manuscrit autobiographique de 5000 pages » souligne le réalisateur.

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Ce choix original nous entraîne dans un film au montage subtil qui se joue des périodes et des temporalités avec, au cœur du scénario, le parallèle fait entre Casanova et Da Ponte, célèbre librettiste de Mozart, qui, lui-aussi a vécu comme un homme libre et un artiste indépendant. Il y a chez ces deux hommes se levant contre l’aristocratie dont ils ne font pas partie la préfiguration de l’ère révolutionnaire. Parfois, on peut se perdre dans le récit mais il fait montre d’une audace certaine.Des comédiens qui nous emportent dans cette fiction. Et au premier rang, John Malkovich qui prouve encore à quel point il peut jouer sur une palette très variée de jeu. Il est tour à tour un séducteur, un Casanova violent, capable de dégainer son pistolet pour se débarrasser d’un importun, d’afficher le sourire du vieux séducteur ou de se jouer de son image de comédien dans une discussion impromptue dans les coulisses d’un théâtre avec une spectatrice. Capable aussi de chanter sans être ridicule au milieu de vrais artistes d’opéra. Face à lui, il retrouve une comédienne qu’il connaît bien – ils ont tourné en 2006 « Klimt », une biographie consacrée au peintre viennois – et Veronica Ferres apporte une grâce indéfinissable et un vrai mystère au personnage de Elise von der Recke.

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En se jouant des apparences, du mensonge et de la vérité – non sans humour comme le montre la séquence du faux infarctus de Malkovich dans une mise en scène moderniste – « Casanova variations »  opte, dans sa réalisation, d’une liberté que n’aurait pas renié cet hédoniste qui, avant de s’écrouler sur scène au tout début du film, lance « Viva la libertá ! »

Un film original, subtil et qui décoiffe même s’il peut troubler les amateurs de fictions plus linéaires..

 

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