CANADA MORRISON, de Matias Lucchesi – 1h11
avec Paula Galinelli Hertzog, Paola Barrientos et Alvin Astorga
Sortie : mercredi 19 novembre 2014
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Lila, 12 ans, une jeune fille qui vit dans un pensionnat argentin isolé sur les flancs d’une montagne n’a qu’une obsession : retrouver son père biologique. Elle entraîne son institutrice jusqu’au village de Cañada Morrison à la recherche de ce père avec pour seul indice une plaque de cuivre sur laquelle est inscrit le nom de l’entreprise qui fit travailler son géniteur..
Et alors ?
Avec ce road movie intime, porté par la sensibilité à fleur de peau et l’obstination de Lila, Matias Lucchesi ouvre des pistes multiples de réflexion – de la recherche de paternité, aux remords, en passant par l’éducation, l’autorité… – qui maintiennent l’attention en éveil. L’idée du scénario est née d’un flash comme il le raconte : « Le film est parti d’une image : une femme et une petite fille, seules, assises sur le bord d’une route de montagne de Cordoba, attendant quelque chose au milieu de nulle part. » Il s’est aussi souvenu de souvenirs de randonnées anciennes – il est né à Cordoba en 1980 – quand il allait dans ces montagnes et dormait dans les refuges. Confidences : « C’est comme ça que j’ai découvert l’existence de ces écoles rurales perdues au milieu des montagnes, complètement isolées de la civilisation. Certains enfants faisaient jusqu’à six heures de cheval pour rejoindre leur école. » Le cadre austère et splendide des montagnes argentines, battues par le vent qui glace tout sur son passage, met la détermination de la jeune Lila encore plus en évidence. Même si les gens ne semblent pas vraiment dans le besoin, on mesure à chaque étape du voyage de Lila et de son institutrice à quel point la vie peut y être rude et les relations de fraternité essentielles.
Et dans ces régions, on sent aussi combien les gens peuvent être économes de leurs paroles. Ainsi quand Lila croit trouver son père en la personne du réparateur de télévision, et qui n’a pas une santé solide. Entre eux, tout passe par des regards, des gestes simples et très peu de mots.
Pour camper un tel récit, il fallait des acteurs solides. Découverte dans El Premio, Paula Galinelli Hertzog est, une fois encore, tout à fait remarquable, suscitant une émotion simple et vraie sans jamais surjouer le trait. Et tous les autres comédiens sont au diapason, Paola Barrientos notamment qui glisse beaucoup d’humanité dans le personnage de l’institutrice rêvant d’aider la jeune fille, même en bravant la hiérarchie.
C’est simple, fort et émouvant et l’on ne peut rester insensible au voyage de cette jeune fille dans le décor austère et splendide des montagnes argentines, notamment dans la très réussie séquence finale où Lila semble avoir enfin retrouvé le sourire et peut se tourner, sans remords, vers l’avenir.


