MARY, QUEEN OF SCOTS de Thomas Imbach – 2h00
d’après « Mary Stuart » de Stefan Zweig
Avec Camille Rutherford, Mehdi Dehbi, Sean Biggerstaff, Aneurin Barnard, Edward Hogg, Tony Curran, Bruno Todeschini
Sortie : mercredi 12 novembre 2014
Je vote : 2 sur 5
Mary, reine d’Ecosse, grandit en France et est promise à la couronne de France. Mais la maladie emporte son mari et la jeune veuve rentre seule dans une Écosse dévastée par la guerre alors qu’Elizabeth vient d’être sacrée reine d’Angleterre….
Et alors ?
Pourquoi cette fascination pour cette héroïne dont la légende commence quand elle monte sur l’échafaud ? Thomas Imbach a sa réponse : « Marie m’a interpellé intuitivement, c’est un personnage dont je me sens proche, non pas parce qu’elle est de sang bleu, mais par sa personnalité, sa vie intérieure. Elle recherche quelque chose d’inconditionnel. Nous vivons dans un monde où l’on veille à ce qu’il y ait toujours un retour sur investissement. Cela n’intéresse pas Marie, qui préfère se jeter à corps perdu dans sa passion. »
Pour retracer son histoire, il évoque aussi bien sûr sa rivalité avec la reine Elisabeth dont la figure tutélaire apparaît à travers le portrait d’elle qui est brandit lors de bien des séquences, telle une figure figée, mençante.
En s’inspirant de la biographie de Stefan Zweig, Thomas Imbachl s’intéresse beaucoup au portrait psychologique d’une reine restée très juvénile et qui aime s’entourer de suivantes enjouées. Et une femme qui ne veut pas brider sa liberté. Le réalisateur ajoute : « Je vois chez Marie des qualités qui sont présentes chez moi aussi et qui ne sont plus follement en vogue aujourd’hui. Elle recherche quelque chose d’inconditionnel. Nous vivons dans un monde où l’on veille à ce qu’il y ait toujours un retour sur investissement. Cela n’intéresse pas Marie, elle se jette à corps perdu dans sa passion. Pour moi, c’est une qualité humaine que nous, individus connectés et postmodernes, avons perdue. Ce caractère archaïque de la condition humaine a été important pour moi dans le développement du personnage. Ce n’est d’ailleurs pas un
hasard si Marie est moins présente aujourd’hui que sa rivale Elisabeth qui, telle une femme manager moderne, a renoncé à toute vie personnelle et le justifie par l’élévation de „l’amour pour le peuple“. (…) C’est le personnage de Marie qui m’a intéressé dès le départ. Elle symbolise des valeurs qu’il faut défendre dans notre monde, parce que ce sont des qualités humaines fondamentales; s’abandonner, ne pas se concentrer uniquement sur le résultat mesurable de ses actes. »
En ne suivant pas la biographie pas à pas, Thomas Imbach choisit, outre la description de moments plus intimes, d’évoquer des caps dans la vie de Mary, notamment l’assassinat devant ses yeux de son confident Rizzio. Avec ces sauts dans le temps, il prend le risque de perdre un spectateur qui n’est pas vraiment au fait de cette histoire par le menu. Même si l’on sent le cinéaste possédé par son sujet, le film laisse un peu alors le spectateur en chemin par les nombreuses pistes évoquées, les changements de ton, et des séquences qui trainent parfois en longueur sans une vraie justification dramatique. Et on finit alors par se sentir très étranger à cette histoire de passion et même à s’ennuyer un peu… ce qui est un comble pour un tel drame historique.

