QUI VIVE, de Marianne Tardieu – 1h23
Avec Reda Kateb, Adèle Exarchopoulos, Moussa Mansaly et Rashid Debbouze
Sortie : mercredi 12 novembre 2014
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Retourné vivre chez ses parents, Chérif, la trentaine, peine à décrocher le concours d’infirmier. En attendant, il travaille comme vigile. Il réussit malgré tout les écrits de son concours et rencontre une fille qui lui plaît, Jenny… Mais au centre commercial où il travaille, il perd pied face à une bande d’adolescents désœuvrés qui le harcèlent. Pour se débarrasser d’eux, il accepte de rencarder un pote sur les livraisons du magasin.
C’est le portrait d’un jeune adulte coincé entre deux mondes : celui du petit boulot d’agent de sécurité dans la cité où il vit et son rêve de devenir infirmier, après avoir raté plusieurs fois l’examen. Pour son premier long métrage, Marianne Tardieu trouve le juste équilibre entre la description d’une banlieue sinistrée, repliée sur elle-même, comme en témoigne l’importance de ces sociétés privées de gardiennage, et le portrait de personnes qui ont encore l’énergie pour rêver à un autre futur. « L’enjeu était de décrire sans caricature la vie de la cité et ses tensions, j’ai essayé pour cela de ne jamais être en surplomb par rapport aux personnages, de faire exister des points de vue différents dans le même temps, le même plan, et enfin, de construire des personnages complexe… », dit la cinéaste.
Cette fois encore, Reda Kateb prouve à quel point il est capable de faire passer l’énergie comme les doutes de Chérif, dont la vie va basculer en une simple nuit. Propos
de Marianne Tardieu : « Avec lui, le film découvre différentes facettes de la même pierre brute, Chérif, qui peu à peu forment un tout, complexe, intriguant, en même temps que la tension monte pour le personnage et pour nous. » Entre les moments où son visage s’illumine quand il retrouve les gamins du lycée où il fut pion et ceux où il affronte la bande, Chérif est, il est vrai, tiraillé en permanence entre deux mondes. Et la cinéaste parvient bien à rendre palpable la tension qui traverse la vie des habitants de cette cité. A son côté, Adèle Exarchopoulos apporte une touche de vraie fraicheur dans l’histoire sombre avec le personnage de Jenny dont la relation avec Chérif fait souffler un peu d’air frais dans ce récit où le « héros » a bien du mal à s’extirper de la glu de la réalité.
Si le film réussit à nous faire partager le quotidien de ces gens de banlieue, les rivalités mais aussi la vraie fraternité, il manque un peu de densité au scénario pour nous tenir en haleine jusqu’au bout. A partir du moment où Chérif est suspecté d’avoir donné les infos pour le casse, l’histoire a du mal à rebondir et les séquences sont répétitives. Au final, on a le sentiment que la cinéaste n’a pas trouvé la formule magique pour assurer une chute qui collait à l’atmosphère du film. Malgré tout, elle a un style et une manière d’envisager une mise en scène simple et épurée qui attire l’œil, surtout avec de tels comédiens. Et sa description de toute une couche de la société qui essaie de s’en sortir et oscille entre volontarisme et honnêteté et larcins en tout genre est très juste.

