LILI ROSE, de Bruno Ballouard – 1h30

Avec Salomé Stevenin, Mehdi Dehbi, Bruno Clairefond et Thomas Chabrol

Sortie : mercredi 22 octobre 2014

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

Ouvrier ou joueur de poker, Samir et Xavier vivent au jour le jour. Future mariée, Liza a un avenir tout tracé. Ils et elle se retrouvent par hasard le temps d’un week-end pour un séjour aussi improbable qu’initiatique. Ils la protègent lors de leur confrontation au monde, mais c’est elle qui leur apprendra ce qu’est finalement la liberté.

Et alors ?

Ayant mis vingt ans à passer l’acte,  Bruno Ballouard  réussit son premier long métrage en forme de road movie où, à travers la rencontre inattendue, le temps d’un week-end, de cette jeune femme et de ces deux amis, il signe une histoire en forme de défense de la liberté dans un univers terne. « Dans la société actuelle, dit-il, on a de plus en plus, et de manière quasiment systématique, des comptes à rendre sur ce que l’on fait et ce que l’on dit, ce qui m’énerve au plus au point. On doit toujours être joignable, que ce soit par ses proches ou par son employeur. Il y a des caméras de surveillance un peu partout et on est constamment pisté sur Internet… Il y a donc de moins en moins de vrais espaces de liberté. On finit toujours par se retrouver soumis à des contraintes diverses et il y a toujours quelqu’un qui nous attend, qui nous appelle. Nous avons tous besoin de décrocher, c’est nécessaire. Mais nous n’avons plus le droit de nous égarer, même légèrement, même pas longtemps. Je suis personnellement très attaché à cette notion de liberté. C’est fondamental et c’est devenu un luxe. »

Mais, là où Bertrand Blier avait imaginé un récit féroce et violent avec Les Valseuses, le cinéaste opte  aujourd’hui pour un récit intimiste, plus léger où l’irruption de Liza dans la vie d’une certaine façon réglée du duo d’amis, va conduire le trio à découvrir de nouveaux horizons. Comme si ce récit était à l’image d’une époque plus tournée vers les bonheurs individuels, même fugaces, que vers un engagement solide.

La réussite de l’entreprise tient aux trois acteurs qui apportent une touche personnelle à leur personnage. Entre Bruno Clairefond, un mec plutôt sec et macho en apparence, et Samir, plus fragile et moins sûr de lui, Salomé Stévenin apporte une touche de douce féminité et de détermination au récit. Elle souligne : « À la lecture du scénario je me sentais liée aux personnages, j’avais envie de partir avec eux vivre cette histoire. La trajectoire des émotions de Liza me semblait juste, vraie et je me sentais comprise en profondeur en les incarnant. »

Ce qui donne une vraie atmosphère au récit, ce sont aussi les personnages secondaires qui surgissent au gré du road movie : Pierrot, le personnage lunaire de paumé, très bien joué par Thomas Chabrol; sa sœur, radicalement différente, qui fait une apparition savoureux; les copains un brin alcoolisés qui errent sur les départementales et aiment agresser verbalement les filles…

En prenant place dans la Citroën bleu nuit sortie d’une autre époque, le spectateur plonge dans une histoire très attachante et non dénuée de poésie. C’est la bonne surprise de cette semaine.