HERITAGE FIGHT, d’Eugénie Dumont – 1h30
Documentaire
Sortie : mercredi 8 octobre 2014
Je vote : 3 sur 5
Au cœur de la dernière contrée sauvage d’Australie, une communauté aborigène, les Goolarabooloo, doit faire face au projet d’implantation de la plus grande usine à gaz au monde soutenu par le gouvernement. Aborigènes et citoyens solidaires décident alors de s’unir pour défendre ce qui n’a pas de prix : une terre, une vision du monde et plus que tout, un héritage culturel…
Et alors ?
Filmant le combat de cette population aborigène face à l’arbitraire du
pouvoir politique et économique, Eugénie Dumont décrit une lutte inégale et le souci des Aborigènes pour préserver son bagage spirituel et la terre des ancêtres, face aux intérêts des industriels. A travers les portraits colorés de personnages comme Teresa Roe, la « mamie » de Broome mais aussi un personnage comme Richard Hunter, un conteur hors pairs des mythes fondateurs sur la Création de cette population, la cinéaste raconte par le menu comment la farouche détermination de ces Aborigènes a pu contrer les projets d’une si grosse firme qui pesait pourtant quelques 45 milliards de dollars.
Caméra à l’épaule, elle a pris le temps de l’immersion dans la culture aborigène. « Les Aborigènes ne donnent pas tout, tout de suite. Ils me racontaient un peu, puis s’arrêtaient. On en reparlerait plus tard… Je ne savais pas quand, le lendemain, la semaine suivante ? Je devais m’adapter à leur temporalité. C’est ainsi que, petit à petit, au rythme de la vie, se créent les liens, dans leur culture. Une amitié se développe à l’échelle d’une vie », souligne t-elle.Au fil du récit, on est étonné de voir comment les autorités réagissent avec violence face à cette population qui se rebelle.
On le voit avec la séquence du « Mardi noir » qu’elle évoque ainsi : « Ce fut une journée particulièrement longue et éprouvante où 120 policiers sont venus mettre un terme au barrage humain et permettre le début des travaux – et ça, alors que toutes les autorisations n’étaient pas délivrées. La police a attendu que les médias s’absentent pour agir violemment. J’étais le seul témoin avec une caméra viable. Par la suite, nous avons proposé nos images aux principales chaînes de télévisions mais la police les a menacées si elles diffusaient quoi que ce soit. J’étais outrée de l’abus de pouvoir qu’exerçaient ces agents de police. C’était de l’intimidation pure et dure. »
Entre profit et respect d’une culture ancestrale – avec, en toile de fond, les promesses des industriels pour « enrichir » une population qui vit dans une misère certaine – ce document est un bel hommage à la détermination d’une population. Et qui réussit à faire baisser la garde à ces industriels. Mais, comme le souligne elle-même la cinéaste, prudente, « une bataille de gagnée ne veut pas dire gagner la guerre. »

