DEUX FEMMES QUI S’AIMENT ET SE DÉCHIRENT

REACHING FOR THE MOON, de Bruno Barreto – 1h44

avec Miranda Otto, Gloria Pires et Tracy Middendorf

Sortie : mercredi 20 août 2014

Je vote : 3 sur 5

 

21059962_20131121173453665Quezako  ?

1951. En manque d’inspiration, la poétesse Elizabeth Bishop quitte New York pour retrouver une ancienne camarade d’université émigrée au Brésil. Là, elle fait la connaissance de l’impétueuse architecte Lota de Soares. Une rencontre qui va redonner vie à sa créativité, mais également susciter une intense d’histoire d’amour en réveillant aussi de vieux démons…

Que penser du film ?

266686« C’est une histoire d’amour. Une histoire d’amour entre deux femmes. Deux femmes complètement différentes, puisque l’une est une perdante dysfonctionnelle, faible, alcoolique et que l’autre est une gagnante, elle est forte, c’est une faiseuse. Mais lorsqu’elles se rencontrent, elles tombent aussitôt amoureuses. » Ainsi Bruno Barreto raconte le scénario de son film qui, loin du biopic classique, zoome son récit sur la relation entre ceux femmes que tout oppose. Avec, en prime, la présence de l’ancienne compagne de Lota, la plus vieille amie d’Elizabeth Bishop, ce qui vient tendre encore les relations amoureuses.

La force du film tient à la manière très subtile dont le cinéaste décrit la passion, les réactions face à la perte et la douleur…C’est d’autant plus intéressant que Lota est une architecte qui mène tout son monde à la baguette et qu’on voit comment elle construit ses projets, notamment le célèbre parc Flamengo à Rio de Janeiro. Quand Elisabeth Bishop noie ses difficultés pour écrire et innover en poésie dans le whisky et qu’elle est nettement plus contemplative. Et le cinéaste parvient à traiter avec autant de pudeur que de simplicité, l’homosexualité féminine à une époque où elle faisait encore scandale et était discriminatoire. Un simple échange entre le père de Lota, dans une soirée mondaine, et Elizabeth, montre à quel point bisexualité et homosexualité sont encore taboues.

21059964_20131121173454009     Loin de son dernier film plus brutal, Rio ligne 174, Bruno Barreto signe ici une réalisation très classique mais belle notamment dans la propriété perdue dans la montagne près de Rio où Lota habite en partie. Il avoue qu’il a puisé son inspiration chez un peintre célèbre : « Edward Hopper a été une de mes sources d’inspiration principales. Parce que son œuvre a beaucoup à voir avec « chiaro » et « scrura », clair et obscur, et que c’est dont parle le film. Sur les choses qu’on choisit de voir, celles qui sont devant nous et qu’on ne voit pas. Et quand on les voit enfin, il est trop tard. »

Si la dernière partie du film -celui où Elizabeth prend le large quelques mois et rentre aux Etats-Unis perd un peu de force- il se dégage de ce récit une  belle émotion.  Et puis, il est rare au cinéma de voir trois femmes tenir le haut de l’affiche et qui, comme le dit Miranda Otto, sont « trois personnages riches et complexes, et parfois totalement imprévisibles. »

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