JERÉME RENIER EN HOMME D’HONNEUR

LE GRAND HOMME, de Sarah Leonor – 1h47

Avec Surho Sugaipov et Jérémie Renier

Sortie : mercredi 13 août 2014

Je vote : 3 sur 5

5-2-1-2 ∏ CLAIRE NICOLQuezako ?

Détachés en Afghanistan pour 6 mois, les légionnaires Markov et Hamilton sont pris en embuscade lors d’une expédition non autorisée par leur hiérarchie. Markov sauve Hamilton, grièvement blessé par des tirs rebelles, mais quitte la Légion sans les honneurs. De retour à Paris, Hamilton, convalescent, souhaite rester légionnaire, tandis que Markov, désormais civil et sans papiers, tente de s’en sortir avec son fils Khadji. Hamilton prête son identité civile à son ami tchétchène, pour qu’il puisse travailler légalement. Mais un jour, Markov disparaît, laissant Hamilton désorienté et Khadji
seul au monde.

Et alors ?

41-1-3-2 ∏ CLAIRE NICOLPour son deuxième long métrage, Sarah Leonor (Au voleur, avec Guillaume Depardieu) a choisi une histoire ambitieuse avec ce récit offrant bien des pistes et présenté, originalement, en trois volets. Il y est autant question de fraternité virile et militaire, de mort que de paternité. Avec, en toile de fond, le sort réservé aux réfugiés politiques en France, et, cette fois, il ‘agit de Tchétchènes, un lieu que connaissait la cinéaste. Elle raconte : « Je connaissais la région du Caucase, pour y avoir travaillé et voyagé. Le choix d’un personnage tchétchène s’est fait dès le scénario. En me renseignant sur la guerre en Tchétchénie, en lisant la nouvelle Hadji-Mourat de Tolstoï et d’autres écrits, je me suis rendue compte que c’était un pays où l’homme est vraiment une incarnation de la masculinité, du courage. Il y a dans la culture tchétchène une glorification du guerrier assez forte. Une image de bravoure, de protection des proches. Quelque chose de très droit et noble, encore aujourd’hui. »

43bob02etalo ∏ LES FILMS HATARICe qui lui a posé quelques soucis au moment de choisir l’acteur interprétant ce légionnaire tchétchène. Elle poursuit : « La difficulté pour le rôle masculin adulte était que je cherchais un homme tchétchène qui incarne cette idée de bravoure, de souveraineté quelles que soient les circonstances. Or, j’ai rencontré beaucoup d’hommes qui étaient brisés par la guerre. Des hommes de 30, 35 ans, adolescents à Grozny pendant le conflit, qui avaient vécu des atrocités, et qui, aujourd’hui, étaient encore profondément traumatisés. Certains m’ont dit « Mais moi, je suis un homme mort. Ma vie est derrière moi. Je suis là uniquement pour les enfants. » Indéniablement, Surho  Sugaipov remplit parfaitement son contrat et campe cet homme qui refuse de courber l’échine et fait tout pour élever dignement son fils en jouant sur le réseau offret pa la légion, même s’il l’a quittée après un acte d’insoumission. Face à lui, Jérémie Renier offre le bon contrepoint à ce personnage austère : Hamilton est un mélange de guerrier endurci et de vieil adolescent immature. Et qui se révèle peut à peu dans la solitude imposée par la disparition de son copain.

 Malgré les atouts du scénario, le jeu solide du duo d’acteurs, il manque vraiment à la mise en scène du nerf pour donner de l’intensité aux scènes capitales. Après une première partie bien menée dans le décor austères des montagnes livrées aux tirs des rebelles, l’histoire perd de l’intensité quand le duo retrouve la vie civile, ne parvenant à maintenir le cap entre les scènes quotidiennes -telles les moments de drague dans les bars où se retrouvent les deux anciens copains de la Légion- le combat du père pour parvenir à élever dignement son fils, et la quête d’Hamilton pour retrouver son copain disparu. Ce retour à un vie dite « normale » manque alors un peu de relief et les comédiens semblent trop livrés à eux-mêmes. Avec, en prime, le récit en voix-off du jeune garçon dont le ton est trop naïf et ne colle pas vraiment au reste de l’histoire.

C’est d’autant plus dommage que le scénario avait de quoi faire autant réfléchir qu’émouvoir et que certaines séquences ne manquent pas de force dans la mise en scène.

36bob05etalo ∏ LES FILMS HATARI

Laisser un commentaire