UN MOTEL : DRÔLE D’ENDROIT POUR UNE RENCONTRE

A035_C005_0213MNPALMA REAL MOTEL, d’Aarón Fernàndez -1h40

Avec Kristyan Ferrer, Adriana Paz

Sortie : mercredi 23 juillet 2014

Je vote : 3  sur 5

Quezako ?

Sur la côte mexicaine de Veracruz.  Sebastian, 17 ans, reprend seul la direction du petit motel de son oncle, hospitalisé pour une intervention. Il loue les chambres à l’heure à des couples adultères et des amants de passage. Parmi eux, une belle jeune femme, Miranda, vient régulièrement retrouver un homme marié qui lui pose souvent un lapin. Pendant ces heures creuses, Sebastian et Miranda font peu à peu connaissance. Entre eux, une troublante complicité s’installe…

Et alors ?

 Le titre original, Les Heures creuses définit bien l’atmosphère de ce deuxième long métrage du cinéaste qui s’ingénie à créer une atmosphère un brin mélancolique dans ce motel défraichi ouvert sur les vents et la mer et où le temps semble prendre un malin plaisir à s’étirer avec nonchalance. L’importance semble, au final, non pas ce qui se passe -les incursions du marchand ambulant qui vient voler des noix de coco; l’arrivée quotidienne du vieux gardien de nuit- mais ce qui plamarealmotel2pourrait se passer et cette longue atteinte.

A cet égard, même si l’on est surpris par la maturité  des comédiens – Kristyan Ferrer en tête qui parvient à faire passer bien des émotions dans une grande économie de jeu- c’est le Motel qui est le vrai personnage du récit. Un lieu patiemment déniché par le réalisateur durant la longue gestation du scénario qui a pris six ans. Il souligne :  » Durant le travail d’écriture je me suis rendu compte qu’il était indispensable de trouver le lieu avant même de continuer le scénario et le travail de production ; si on ne trouvait pas le décor, il n’y aurait pas de film. Donc on s’est mis à chercher sur la Costa Esmeralda au Veracruz, puis on est tombé sur ce lieu magique qu’est le Motel Palma Real, qui existe et qui fonctionne comme tel. A partir de là, j’ai fait plusieurs séjours, je me suis inspiré des environs, des personnes qui travaillaient dans ce lieu. Mon travail d’écriture repose beaucoup sur l’observation et j’ai besoin d’éléments très concrets, que ce soit des lieux ou des personnes. Nous avons adapté un peu le motel à nos besoins esthétiques : nous l’avons repeint dans des teintes bien définies et nous avons aménagé la réception pour qu’elle soit plus ouverte sur les chambres. »
A128_C010_0302ZIMême si on aurait aimé en savoir plus sur certains personnages secondaires, tel la femme qui vient repasser le linge et reçoit les visites ponctuelles et secrètes de son amant- tout tient dans ce temps arrêté, une pause-cigarettes, un regard, un coup de téléphone mobile alors que le réseau n’en fait qu’à sa tête. L’histoire d’amour brève, intense et fugace entre Sebastian et Miranda, agent immobilière, n’est qu’une parenthèse presque banale et un brin attendu  dans cette chronique poétique du temps qui passe.

Il faut aimer l’éloge de la lenteur et la description de l’intime pour goûter au charme désuet de cette chronique amoureuse qui manque parfois de relief. Mais, indéniablement, Aarón Fernández,  cinéaste qui partage sa vie entre le Brésil et le Mexique, sait créer une atmosphère poétique.

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