DU GOUDRON ET DES PLUMES, de Pascal Rabaté – 1h31
Avec Sami Bouajila, Isabelle Carré, Talina Boyaci, Daniel Prevost, Zinedine Soualem
Sortie : mercredi 9 juillet 2014
3 sur 5
Montauban, l’été, les vacances, les barbecues… et le «Triathlon», compétition populaire télédiffusée. Divorcé et commercial aux petites combines, Christian, n’a d’autre joie que sa fille de 12 ans, impliquée dans l’équipe des majorettes. Par amour pour elle et pour racheter tous ses petites combines, il accepte de participer à ce grand rendez vous sportif. Le jour où il rencontre Christine, mère célibataire et enceinte, tout semble concorder pour que Christian prenne un nouveau départ …
2 raisons d’aller voir ce film ?
Une plongée jamais méprisante dans la France dire profonde. Rabaté a le don de restituer l’atmosphère de la petite vie de province, avec les rapports de voisinage -ici, il y a le ballet des tondeuses à gazon- les rencontres sportives et le
sandwich autour de la baraque à frites; les émissions de France 3… S’il décrit des paumés, ils ne sont jamais antipathiques et nous ressemblent. Même s’il multiplie les combines pour décrocher pour son entreprise de traque des termites, même s’il est un dragueur à la petite semaine, Christian n’est pas un vrai salaud mais un type qui essaie de tout faire pour que sa fille connaisse une jeunesse heureuse malgré le divorce de ses parents. Et Sami Bouajila parvient à montrer -sans les surligner-toutes les fêlures de cet homme isolé.
Tout comme Isabelle Carré, une nana un peu victime de l’existence, comme Isabelle Carré les joue -trop ?- souvent au cinéma car c’est la seule qui permet à Christian d’échapper au cycle infernal de sa vie de débrouille.
Comme dans un bande dessinée, Rabaté a soigné les personnages dits mineurs. C’est une vraie réussite avec Zinedine Soualem, aussi déprimé que mauvais vendeur dans son magasin de farces et attrapes où il affiche une mine d’enterrement. Et puis, il y a un familier du cinéma de Rabaté : Daniel Prévost, toujours impeccable, dans la peau de Kader, syndicaliste retraite qui n’a rien perdu de sa niaque, l’ex-kabyle qui ne baisse jamais les bras, un optimisme de nature.
Un ton et un humour. Chez Rabaté, l’humour et l’autodérision servent de fil directeur à ces petites histoires cinématographiques qui ont le charme suranné des vieilles images d’Epinal sur une France tranquille. Celle où a grandi Pascal Rabaté, né dans la région de Tours, et qui a retrouvé ici le Centre de la France pour tourner cette comédie sociale sensible. Qui montre comment on peut être heureux sans vouloir bouffer la terre entière. L’humour est aussi chez lui visuel : outre la peinture juste des petites maisons de banlieue où l’on repeint portes et volets d’une couleur uniforme, il sait glisser dans le décor des objets insolites, notamment ces voitures, toujours importantes dans on univers. Cette fois, ce sont les bagnoles vertes de la société de Christian dont le toit est orné d’une immense termite. Histoire de ne jamais passer inaperçu !
Chez Rabaté, on trouve la même empathie avec le genre humain que chez Jacques Tati. Alors, même si sa mise en scène est d’un sage classicisme, on ne reste pas insensible à la petite musique qui se dégage de cette histoire sensible et où l’émotion est toujours tempérée d’un rire discret.


