DES HOMMES QUI DOUTENT

TousLES HOMMES ! De quoi parlent-ils ?, de Cesc Gay – 1H35

Avec Ricardo Darín, Luís Tosar, Javier Cámara, Eduardo Noriega

Sortie : mercredi 9 juillet 2014

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

 

Le portrait de huit quadragénaires dépassés et déconcertés par leur vie. Incapables d’exprimer leurs émotions, ils se retrouvent projetés dans des situations à la fois comiques et pathétiques, révélant leur conflit majeur : la crise d’identité masculine. Une radiographie de la vie amoureuse des hommes d’aujourd’hui qui dépeint sans concession leurs faiblesses et leur quête d’une nouvelle identité.

Et alors ?

J CamaraAvec un humour un brin acide, Cesc Gay, un cinéaste catalan né à Barcelone en 1967 –on lui doit En la Ciudad, remarqué en 2003- signe un portrait ironique de tous les hommes en mal d’émotions. Il dit : « LES HOMMES ! De quoi parlent-ils ? » s’intéresse à la mauvaise relation émotionnelle que les hommes entretiennent avec eux-mêmes. Cette incapacité à s’assumer, cette tendance à se voiler la face. Le film aborde des thèmes variés, mais en un sens, ils tous à voir avec la façon de remettre sans cesse en question la masculinité. Notre Eduardo Noriegagénération mène déjà une vie différente de celle que nos pères ont vécue par exemple. Nous avons pénétré le monde des émotions, on nous y a obligé, ce qui en soi est très bien, mais les comportements ne changent pas du jour au lendemain. »

Dans ce récit choral et à travers le parcours de huit protagonistes, le cinéaste évoque bien des fissures de l’homme moderne : de la drague un peu lourde du quadragénaire en mal de sensation, aux soucis érectiles, en passant par les confessions d’un cocu… Devant faire face à un tournage atypique car étalé sur huit mois à cause des emplois du temps des comédiens, le film a été effectivement tourné en dix-sept joursdans une forme d’urgence. « Ceci m’a permis de vraiment me concentrer sur chaque situation, de la préparer et de la tourner en deux ou trois jours », souligne Cesc Gay.

Dans une mise en scène qui rappelle la comédie italienne des grands jours, avec des dialogues enlevés et rythmés –ceux où Alberto San Juan reçoit les confidences de la femme de son meilleur ami (Cayetana Guillén Cuervo) sur ses problèmes d’érection est un modèle du genre- le film repose sur les performances de comédiens au mieux de leur forme. Au cœur de l’histoire, il y a le face-à-face de Ricardo Darín et Luís Tosar (ci-dessous), ou la confession d’un mari sur son épouse qui la trompe à son meilleur ami qui est… le nouvel amant. Un petit morceau de bravoure entre deux comédiens de grand talent. Et dont l’un prononce une des phrases qui est au centre de tous ces récits croisés : « « Nous les mecs, on n’aime pas perdre ! »

Ricardo Darin-Luis Tosar

Cette comédie chorale évite tous les pièges du racolage sans jamais esquiver un thème. C’est quand il est question de sexe que la finesse des situations est le plus particulièrement sensible. Une œuvre à découvrir où l’émotion le dispute au rire.

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