JE VOYAGE SEULE, de Maria Sole Tognazzi – 1h25
avec Margherita Buy, Stefano Accorsi, Fabrizia Sacchi
Sortie : mercredi 9 juillet 2014
Je vote : 2 sur 5
Quezako ?
Irene , 40 ans, n’a ni mari, ni enfants mais un travail dont tout le monde rêve : elle est « l’invitée surprise » des hôtels de luxe, ce client incognito qui note et juge les standards des services hôteliers. En dehors de son travail, il y a sa sœur Silvia et son ex Andrea. Irene ne recherche pas la stabilité, elle se sent libre et privilégiée. Pourtant elle peut aussi traverser des périodes de doute…
Et alors ?
Maria Sole Tognazzi est parti d’un constat pour son scénario. Elle raconte : « Dans une grande partie des films d’aujourd’hui, on trouve un thème récurrent : la famille. Il y en a de toutes sortes : familles recomposées, familles homosexuelles, familles éclatées, familles de divorcés qui se remettent ensemble et familles qui se détruisent. Mais la grande absente de ce tableau est une figure qui représente, selon les statistiques, 17% de la population italienne – pas vraiment une minorité – et en constante augmentation : le célibataire d’autrefois qui est, de nos jours, une femme seule sans enfants. Mes scénaristes et moi-même, nous avons pensé que l’heure était venue de leur rendre justice. Et c’est ainsi qu’est née Irene, notre personnage principal. »
La bonne idée consiste à avoir trouver ce travail pas vraiment commun pour son héroïne qui traque le moindre grain de poussière, le groom qui fait la tête, ou le serveur pas vraiment cool. Un job qui accentue son sentiment de déracinement, d’être toujours entre deux jets et deux fuseaux horaires, d’un palace marocain à un cinq étoiles au cœur des Alpes. L’autre bonne idée, c’est d’avoir créé des personnages secondaires importants qui donnent plus de relief à la solitude choisie d’Irene. Notamment son ex, qui a les pieds sur terre avec son magasin de légumes bios et que joue avec une belle justesse Stefano Accorsi. De son côté, Margherita Buy campe avec une belle élégance cette femme qui a fait passer sa liberté en premier plan. Commentaires de la cinéaste : « C’est vrai que la liberté peut faire peur et être assimilée à la solitude, mais en fait, la liberté en soi n’existe pas, c’est toujours un compromis. Le seul véritable acte de liberté, c’est de choisir ce à quoi l’on va renoncer. À la fin du film, Irene aura fait son choix : continuer de mener sa vie avec bonheur tout en ayant conscience des renoncements que cela implique. »
Là où le récit touche à ses limites, même s’il évite tout moralisme, tout raccourci, c’est sur la durée. Finalement, Irene est victime du cadre luxueux et aseptisé de ces palaces et le spectateur se sent petit à petit étranger à ses errances cinq étoiles. Et puis, certaines de ses rencontres -comme celle avec le quinquagénaire campé par Bruno Wolkowitch, qui fait pâle figure- sonnent faux. Alors, ce portrait d’une célibataire pas vraiment triste tourne court et ne parvient plus à vraiment nous concerner…



