BLUE RUIN, de Jeremy Saulnier – 1h31
avec Macon Blair, Devin Ratray, Amy Hargreaves, Kevin Kolack
Sortie : mercredi 9 juillet 2014
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Dwight Evans est un mystérieux vagabond dont la vie en marge de la société va se retrouver bouleversée par la libération d’un meurtrier. Dwight va être entrainé dans une spirale de violence dont personne ne sortira indemne.
Ce qui touche dans le film ?
Pour une fois, un thriller qui s’éloigne des figures de justicier à la Charles Bronson. Macon Blair est plutôt du côté d’un anti-héros au physique banal et au visage un peu mou. Jeremy Saulnier le décrit comme « un assassin au grand cœur qui, projeté dans une situation violente, doit faire face à son incompétence. » De son côté, Macon Blair présente, lui, son personnage comme « un type totalement à bout de souffle. » Avant d’ajouter : » Au début Dwight a peu, il hésite, regrette et n’est pas assez fort. Cela ne m’a pas demandé
beaucoup d’efforts pour trouver en moi les émotions. Au cours du film, il se transforme entièrement. » Sa maladresse devient touchante, y compris dans les scènes d’action où on sent qu’il n’a pas l’âme du vengeur des westerns mythiques mais plutôt celui d’un type banal impliqué malgré lui dans un combat disproportionné.
Cela donne l’occasion au cinéaste de faire une peinture au vitriol de cette Amérique profonde où tout le monde est armé jusqu’aux dents. Il le fait sans porter un quelconque regard moralisateur, juste en montrant. Ainsi quand Dwight se débarrasse du stock d’armes découvert dans la maison des Cleland en les jetant dans un étang. L’autre astuce du film, c’est d’avoir décrit chez les Cleland, une famille relativement banale, plutôt aisée avec sa location de limousines et qui ne semble pas un ramassis de paumés. La leçon du film n’en a alors que plus d’impact.Dans une atmosphère de tension graduelle, un peu à la manière de Délivrance, mais sans le côté paysans perdus et violents, l’irruption de la violence agit alors comme un
électrochoc et témoigne de l’inéluctable de la tragédie provoquée par le désir de vengeance de Dwight. « Je savais que je ne voulais pas faire un film de vengeance traditionnel, dit Jeremy Saulnier. Ce qui m’intéressait, c’était d’explorer la violence à l’écran, pas d’en faire l’apologie. »
Même si certaines séquences où la violence « parle » peuvent paraître peu vraisemblables dans cette peinture naturaliste – quand Dwight sort de l’hôpital contre l’avis des médecins et fait des tas de choses malgré une sacrée blessure à la jambe- le parcours de cet homme ordinaire pris dans l’engrenage de la violence, reste attachant. Notamment dans la description de ses relations avec sa sœur qui n’arrive plus à comprendre ce frère perdu pour la société des hommes après le traumatisme subi.
