LA SOLITUDE DU REPORTER SPORTIF DE FOND…

LE MONDE DE FRED, de Valérie Müller-Preljocaj

Avec Olivier Soler, Marina Golovine et la participation de Virginie Ledoyen, Vahina Giocante, Lorànt Deutsch

Sortie : mercredi 2 juillet 2014

Je vote : 3 sur 5

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Quezako ?

T’aimes le foot ? T’aimes le théâtre ?  Faire jouer du Molière sur un terrain de foot, voici le concept révolutionnaire proposé par Lorànt Deutsch, à notre héros Fred, réalisateur frustré, qui rêve de se mettre à écrire. En attendant, il LMDF 4enchaîne les interviews de footballeurs toujours plus conventionnelles pour des chaînes de sport. Sa vie sentimentale n’est guère brillante. Il passe de conquêtes en conquêtes et refuse de s’attacher. Jusqu’au jour où Fleur, une amie comédienne avec laquelle il a passé une nuit, lui annonce qu’elle est enceinte. Il s’était rêvé dans la peau d’un réalisateur ou d’un présentateur télé. Mais jamais dans celle d’un père…

Et alors ?

Avec ce film, Valérie Müller-Preljocaj  a construit un film en dehors du système classique de financement. Une espèce de travail d’artisan avec une caméra prêtée, un ingénieur du son et un opérateur image, elle a conduit son équipe sur les LMDF 13routes et dans les trains en dix-huit jours seulement mais répartis sur deux ans, selon les disponibilités des uns et des autres. La victoire du système D pour une histoire qui mêle fiction et réalité sans jamais tracer une frontière claire entre les deux. Et en s’inspirant du premier métier du comédien principal, Olivier Soler qui raconte  : « Lorsque cette envie a jailli, il se trouve que je travaillais alors, pour gagner ma vie, en tant que réalisateur et producteur sur des interviews de joueurs de foot auxquels j’avais facilement accès via mon réseau, ce qui intéressait les chaînes. J’ai ressenti, au travers de ces différentes expériences, très souvent, un terrible vide, intellectuellement. C’était des rencontres parfois touchantes, agréables mais totalement abstraites pour moi, tellement loin de mon quotidien et de mes envies. » justement. » A travers son personnage, qui a parfois des allures de Pierre Etaix, Valérie Müller-Preljocaj  signe en filigrane, une critique savoureuse de la médiatisation à tout crin. Ce qui ménage quelques scènes humoristiques en diable : l’interview bidon d’un footballeur allemand qui ne comprend pas plus l’anglais que Soler ne parle l’allemand ou  celle d’un Franck Ribery qui aligne bien des banalités sur l’origine de sa vocation. Et quand Fred s’attaque à un autre univers, c’est pour, en pleine déprime, déstabiliser une Virginie Ledoyen par une interview au goût d’Almanach Vermot.

LMDF 14Côté fiction, il y a une autre originalité : celle de montrer le désir amoureux du côté de l’homme. Valérie Müller-Preljocaj raconte : « Je trouvais intéressant que le désir vienne de l’homme. On parle toujours de l’instinct maternel, mais je connais beaucoup d’hommes qui ont un désir d’enfant parfois plus fort que leur compagne. » Olivier Sorel ajoute : « Ce qui me plaît c’est que dans sa fuite en avant, cette attente, soudainement, vient remplir le vide qui l’entourait. On peut rire du vide professionnel, on arrive à en tire, après coup, le vide affectif est plus déchirant et mélanger les deux, finalement, c’est assez percutant. »

Jouant un beau duo avec Marina Golovine, qui livre ses émotions par petites touches, cet objet cinématographique est  original même si le mélange des genres provoque parfois des ruptures et des baisses de rythme. Il n’en demeure pas moins qu’une petite musique intime naît de ce récit parfois un brin surréaliste.

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