VALERIA GOLINO, UNE FEMME AU BORD DE LA CRISE DE NERFS

COMME LE VENT, de Marco Simon Puccioni – 1h52

Avec Valeria Golino et Filippo Timi

Sortie : mercredi 18 juin 2014

Je vote : 4 sur 5

Commelevent-1L’histoire ?

Une des premières femmes directrices de prison d’Italie, régulièrement menacée de mort, Armida Miserere n’a pas froid aux yeux et impose son autorité tout en s’appliquant à faire respecter les droits des détenus. À la fois forte et fragile, pugnace et sensible, elle rêve aussi d’une vie familiale et d’avoir un enfant.  Le jour où son mari se fait brutalement assassiner par la mafia, sa vie tourne au drame. Désormais seule, elle accepte la direction de prisons parmi les plus dures d’Italie, sans jamais renoncer à sa quête de vérité et de justice. Pour autant, elle n’a pas le courage de retrouver un appétit de vivre.

2 raisons d’aller voir ce film ?

Le souvenir d’une femme courage. L’idée du film est né dans l’esprit de Marco Simon Puccioni à l’annonce de la mort d’Armida Miserere. Il confie : « Il y a dix ans, au moment de Pâques, lorsque j’ai appris la nouvelle du suicide Commelevent-2d’Armida Miserere, directrice de la prison de haute sécurité de Sulmona, j’ai tout de suite eu envie de raconter son histoire. J’avais été très frappé par l’histoire de cette femme propulsée dans l’une des institutions les plus machistes et les plus oppressantes de la société. Sans renoncer à sa féminité, elle réussissait à imposer son autorité aux détenus, et à établir des relations de camaraderie – parfois d’amour – avec ses collègues. » Revisitant l’histoire de cette femme, le réalisateur en profite pour retracer tout un pan de l’histoire d’un pays gangréné par la mafia et la corruption, notamment en Sicile.

Et il décrit avec une froideur quasi médicale l’univers carcéral avec son rituel aseptisé, ses regards qui tuent… Il ne fait pas d’Armida, une héroïne de tragédie moderne, mais une femme « normale » qui n’a qu’un but : se battre pour une justice juste. Le cinéaste ajoute : « L’intérêt du projet réside pour moi dans le parcours humain du personnage principal, apparemment contradictoire : elle avait la réputation d’une femme « dure », mais durant toute sa vie elle a essayé de maintenir vivant son côté le plus humain, le plus féminin. C’est pour cette raison que j’ai cherché, encore plus que pour mes précédents films, un style simple, qui laisse de l’espace à la vérité du personnage, entre le film engagé et l’histoire d’amour, mêlant l’intime et le sentimental à l’aspect social.« Une composition superbe de Valeria Golino.  On connaissait le talent de cette actrice, -récemment passée à la réalisation avec Miele-  avec des films comme Respiro, qui lui a valu le Ruban d’argent de meilleure actrice. Avec ce personnage, elle parvient à exprimer toutes les fêlures d’une femme forte dont la vie est soudain frappée par l’exécution de son mari, sans qu’elle n’en connaisse les vrais mobiles. Une femme qui tente de survivre en fuyant de prison en prison et ne connaît désormais de l’amour que des histoires fugaces de sexe. Une vie en forme de fuite en avant qui la conduit, au fil des ans, vers le suicide. On a trouvé près de son corps, outre la lettre qu’elle laisse, des photos d’Umberto, l’homme de sa vie, un éducateur de prison qui croyait encore aux chances de la rééducation. Coïncidence, l’actrice avait rencontré Armida Miserere, comme elle le raconte : « En revoyant aujourd’hui les photos de cette rencontre, je suis surprise par son apparente fragilité. Cela me fait un certain effet, parce que je la respecte non seulement elle, mais aussi sa vie : tout y semble à la fois chaotique et ordonné. »

En tout cas, avec une telle composition, elle rend un hommage très émouvant à cette femme éprise de justice et respectueuse des autres. Ce n’est pas anodin dans le contexte politique italien avec en toile de fond la toute puissance des réseaux mafieux.

Commelevent-4

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