DES CONTES SURREALISTES ET LOUFOQUES

distribppp_350x350PAN PLEURE PAS, de Gabriel Abrantes – 1h15

3 contes avec Wilson Teixeira, Natxo Checa, Edith Scob, Laetitia Dosch

Sortie : mercredi 11 juin 2014

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

A travers ses trois contes qui sautent d’époque en époque, et de territoire en territoire (de l’Inde  à l’Afghanistan),   le cinéaste aborde plusieurs thèmes qui lui sont chers : métissage culturel et sexuel, le post-colonialisme, la montée des intégrismes religieux…

Et alors?

En regroupant ici trois moyens métrages récents (tourné entre 2011 et 2014), Gabriel Abrantes abordent plusieurs thèmes comme il le souligne : « Tous trois sont travaillés par des questions proches, autour desquelles tournaient déjà mes précédents films : la globalisation et la sexualité, la façon dont les désirs individuels motivent les choix politiques, moraux, esthétiques… Quant au titre, il se réfère au dieu grec du vin et du sexe, et on peut le lire de deux manières : « Pan ne pleure pas » ou « Pan, ne pleure pas ! ». J’aimais bien cette image du dieu de la paillardise soudain frappé de mélancolie. Cela évoque un mélange de burlesque et de mélodrame qui, je crois, pourrait donner une bonne définition de mes films. »

Le réalisateur surprend par l’économie de ses récits et pas sa manière de se jouer des lieux -l’Auvergne a servi de cadre à Ennui Ennui qui est censé se dérouler en Afghanistan par exemple- et des clichés. Au final, son univers est décalé, un 20437259brin surréaliste et parfois comique comme dans Ennui Ennui, le conte le plus étonnant où il raconte comment  une représentante de Bibliothèques sans Frontières est kidnappée par un seigneur de guerre grassouillet et balourd que sa mère contraint à enlever une jeune vierge pour la posséder. L’occasion de glisser une séquence délirante avec un drone américain qui est censé être… la fille du président Obama.

Gabriel Abrantes souligne : « D’une manière générale, j’aime laisser planer l’ambiguïté, à tous les niveaux. Ambiguïté sexuelle, ambiguïté entre les genres de récit, entre culture populaire et savante. » Dans ce conte, on découvre aussi une Edith Scob tout à fait réjouissante dans le rôle de la mère coincée de la bibliothécaire qui a, par la grâce d’une piqûre, la révélation de l’amour.106098Joyeux, libertaires en diable, ces trois contes se jouent de la libido et du sexe qui reste un élément commun à ces trois histoires, la colonne vertébrale de son inspiration. Commentaires : « Je reste fasciné par le fait que, de toute éternité, tous les grands choix politiques sont le résultat de motivations purement personnelles. Dans mes films, le sexe est un moyen d’amplifier cette notion-là. C’est l’éternel motif des tragédies grecques : des empires qui se défont parce qu’une femme est amoureuse de son beau-fils ou à cause d’histoires de jalousie… C’est pourquoi je reviens souvent à ce type de récit où une problématique sexuelle vient infléchir un scénario politique. » Cela lui permet aussi de montrer, à travers la figure de Camões, grande figure de la poésie portugaise, un créateur visionnaire, reste avant tout un homme qui, dans la vie courante, peut être tout à fait ordinaire avec ses pulsions, ses appétits sexuels.

Si le style du cinéaste a de quoi dérouter des spectateurs plus habitués à des récits plus linéaires, ces  contes font montre d’un vrai style et ménage quelques belles séquences comme celle où les deux amoureux se promènent sur une plage avec en toile de fond les carcasses de navire abandonnés. Un pur instant de poésie visuelle.

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