TRISTESSE CLUB, de Vincent Mariette – 1h30
Avec Ludivine Sagnier, Laurent Lafitte, Vincent Macaigne
Sortie : mercredi 4 juin 2014
Je vote 3 sur 5
Deux frères dont les relations ne sont pas au beau fixe se retrouvent à l’annonce de la mort de leur père dans un bled des Alpes : ils u rencontrent une sœur inconnue. Mais ce paternel est-il vraiment mort ? C’est le début d’une errance du trio et la découverte de bien des secrets…
Et alors ?
Pour une étrange histoire de famille, ce premier film de Vincent Mariette en est un. L’atout du scénario, c’est qu’il mêle plusieurs histoires à tiroir pour mener le spectateur en barque, l’embarquer sur des fausses pistes… Face à cette mystérieuse sœur tombée du ciel et qui est un brin énigmatique, le duo de frères est d’autant plus savoureux qu’ils sont
aussi dissemblables que possible. Il y a un monde entre Léon, l’ancien champion de tennis, devenu un joli loser qui tape sa femme pour se payer de l’essence et promener leur fils (Laurent Lafitte) et Bruno (Vincent Macaigne), qui a fait une belle réussite avec un site de rencontres sur Internet mais qui a bien du mal avec les filles. « Je me suis d’abord raconté leur histoire, depuis leur naissance. Mais je n’ai pas écrit cinquante pages sur eux, comme le fait Michael Mann par exemple. Je voulais que les deux frères soient très différents : Bruno (Vincent Macaigne) a réussi professionnellement mais socialement et sentimentalement, il est pathétique. Ça m’amusait qu’un type qui a créé une sorte de Meetic ne sache pas draguer les filles. Léon (Laurent Lafitte)quant à lui, est plus arrogant, plus sûr de lui mais c’est un loser » souligne Vincent Mariette.Le talent du cinéaste, c’est d’avoir, à partir d’un deuil qui agit comme un révélateur des traumatismes de l’enfance, de signer un récit où l’humour et l’ironie sont de la partie. Ainsi dès le début quand Léon téléphone à son frère pour lui annoncer une « bonne nouvelle » : la mort de leur père ! Vincent Mariette poursuit : « Le film parle de mort, de deuil, mais il est aussi léger. Je voulais un titre qui associe ces deux idées. Et puis Tristesse Club me fait penser à un nom de cocktail et, allez savoir pourquoi, ça me plaît bien. »
Le trio de tête ne manquent pas sa prestation : Ludivigne Sagnier campe avec bonheur cette jeune femme qui cache bien son jeu; Laurent Lafitte est à l’aise dans le rôle d’un frère qui masque ses blessures derrière une grande gueule de façade tandis que, fidèle à son image de marque, Vincent Macaigne est un paumé magnifique, incapable du moindre naturel face à une femme. Cela permet quelques belles séquences comme celle où Bruno apprend des leçons de séduction d’un sémillante quinquagénaire (Dominique Reymond et son timbre magnifique) ou celle où il se lance dans un slow pitoyable avec Rebecca (Noémie Lvovsky), une ancienne maîtresse de son père, dans un salon surprenant dont la pièce d’art moderne la plus surprenante est un moulage de sexes en érection.
Entre violence des échanges verbaux et tendresse retrouvée, ce récit nous promène dans une histoire de famille pas si banale que ça où, malgré un contexte pesant, les personnages savent trouver des raisons d’espérer en l’avenir, une fois réglé les comptes avec le passé. Il y a une petite musique originale dans ce récit qui révèle un cinéaste qui a du ton.


