LA FEMME EST LE POISON DE L’HOMME ?

LA MANTE RELIGIEUSE, de Nathalie Saracco -1h28

Avec Mylène Jampanoï, Marc Ruchmann et Mathilde Bisson

Sortie : mercredi 4 juin 2014

Je vote : 1sur 5

 

MANTE_RELIGIEUSE_86775MANTE_RELIGIEUSE_87025L’histoire ?

Jeune peintre, libre et rebelle, Jézabel entend bien mener sa vie selon ses désirs. A la mort de son père, elle croise le chemin d’un jeune prêtre, qu’elle décide de séduire. Mais, l’amour terrestre peut-il détourner de l’amour de Dieu ?

Pour ?

Avec ce film, Nathalie Saracco signe un premier film qui a un certain style. Elle sait, dans la séquence de l’enterrement, par l’irruption de Jézabel, moulée dans la belle robe au rouge agressif, symboliser l’esprit de révolte de la jeune femme face à  son milieu d’origine à la moralité compassée. Comme elle sait saisir l’instant créatif dans le magnifique loft atelier où Jézabel officie devant des toiles aux couleurs agressives. De même en quelques séquences, elle décrit bien la foi de ce jeune prêtre, ouvert aux pauvres et qui pratique une foi en apparence moderne. Ainsi quand il tance la vieille paroissienne qui juge sans cesse les autres. Indéniablement, Nathalie Saracco « sait » faire. Et sait diriger ses comédiens.

MANTE_RELIGIEUSE_86525Meilleur espoir masculin aux Césars 2005, Marc Ruchmann se glisse dans la soutane du prêtre avec finesse et sait exprimer aussi bien son ouverture aux autres que ses colères soudaines. Quand à Mylène Jampanoï, elle exprime tous les feux intérieurs de cette tentatrice qui brûle sa vie, et est désespérée. La réalisatrice souligne : : «J’ai toujours cru en Mylène. Mais comme toutes les belles femmes, on s’arrête souvent à leur physique. Il était évident pour moi que derrière cette jolie enveloppe se cachait une âme de tragédienne qui ne demandait qu’à être révélée. Quant à Marc, il a la fraîcheur et la bonté du père David. Il est juste craquant ! »

Contre ?

Inspiré à la réalisatrice par un grave accident de voiture, l’histoire aurait pu être vraiment dérangeante si elle avait osé aborder certains thèmes présents dans son récit : le poids de la famille avec laquelle Jézabel est en rupture ; la question aujourd’hui évoquée y compris dans les milieux catholiques et récemment par le Pape lui-même, du mariage des prêtres… Au lieu de cela, la morale du film apparaît finalement comme très conservatrice : seule la renonciation aux plaisirs terrestres semblent permettre de trouver le bonheur et les propos tenus dans le monastère semble sortis d’une autre époque. Quant à l’image de la femme, LA tentatrice, elle semble sortie des plus vieux manuels de morale. Le fait d’être bisexuelle porterait-il en plus tous les péchés du monde ?  Dans ce récit qui sombre alors dans une caricature, la femme incarne  l’origine d’un mal certain.  La promotion évoque un film « dérangeant » : il l’est surtout par son conformisme et des idées d’un autre temps.

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