
UGLY, de Anurag Kashyap – 2h06
avec Ronit Roy, Tajaswini Kolhapure, Rahul Bhat
Sortie : mercredi 28 mai 2014
Je vote : 4 sur 5
Quezako ?
Rahul et Shalini, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. La fillette vit désormais avec sa mère et son beau-père, Shoumik, responsable d’une brigade de la police de Bombay. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père Rahul, elle disparaît… C’est le début d’une longue traque.
Et alors ?
On a tellement en tête l’image d’Epinal du Bollywood indien que l’on est surpris par le style du film de Anurag Kashyap. Car son opus s’inscrit plus dans la tradition d’un cinéma américain façon The Pledge de Sean Penn, tant la mise en scène est d’une efficacité redoutable. Dès la première séquence, Anurag Kashyap filme à la façon d’un upercut visuel, passant du suicide avorté à la mort violente d’un suspect, via le vol d’un portable. Et l’histoire dans tout ça ? Le cinéaste explique comment l’idée est née : « L’histoire est basée sur des faits et des cas réels, les personnages quant à eux sont inspirés de ce qui existe dans notre société patriarcale au sein de laquelle l’homme est toujours dans la domination, où il existe de nombreux cas de violence conjugale. J’ai voulu voir comment les femmes sont dépendantes des hommes dans notre société et comment cela pourrait évoluer. J’ai donc pris tous ces éléments pour en faire un mélange. »
AnuragKashyap fait la description sans fard d’un pays miné par les traditions patriarcales et la corruption omniprésente, dans les services de police notamment. En filmant cette histoire chorale, il multiplie les pistes de réflexion et fait une froide peinture d’un pays et de des fêlures. A travers le personnage du commissaire de police, Shoumik Bose, le commissariat devient non pas un havre de paix pour le citoyen lambda mais le lieu de tous les dangers. Et cela fait droit dans le dos. Commentaires du cinéaste : « Entrer dans un poste de police indien, c’est entrer dans une zone kafkaïenne. Quand on entre dans un commissariat pour une déposition, on pose des questions et on y répond soi-même. C’est très étrange. »
En montrant des personnages très variés – du loser au dominateur en passant par les paumés de tout crin- Anurag Kashyap signe une réalisation solide, portée par un montage nerveux et sec. C’est prenant, émouvant et l’histoire en dit long sur la vie quotidienne que subissent certains habitants de l’Inde. Une vision aussi noire que prenante.

