MAPS TO THE STARS, de David Cronenberg – 1h51
Avec Julianne Moore, Robert Pattinson, Mia Wasikowska, John Cusack, Carrie Fisher
Sortie : mercredi 21 mai 2014
Je vote : 4 sur 5
A Hollywood, la ville des rêves, débarque Agatha, une jeune fille au visage couvert de cicatrices. Elle se fait engager comme assistante par Havana Segrand, une actrice sur le déclin qui rêve de revenir au sommet de la gloire. Qui est Agatha ? Quel est son secret ? Autour de ces deux personnages gravitent bien d’autres silhouettes : Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités, notamment de Havana; le séduisant chauffeur de limousine avec lequel Agatha se lie, Jerome Fontana, et qui aspire aussi à la célébrité… Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ?
Et alors ?
Pour son retour au cinéma, David Cronenberg a choisi une histoire où il flingue Hollywood, ses paillettes et ses rêves en montrant l’envers du décor de cette usine à rêves. Il le fait avec une histoire trash et à travers des personnages plutôt fêlés à souhait et dans une atmosphère où la réalité la plus crue le dispute au cauchemar. Avec des fantômes qui viennent « dialoguer » avec les vivants et ne font que renforcer les béances psychologiques.
De son regard à la misanthropie certaine, il propose une galerie de personnages tous plus tourmentés les uns que les autres. De cette star adolescente qui sort, à 14 ans, de deux cures de désintoxication, à la star entre deux âges, fêlée, qui rêve de décrocher un rôle à Oscar lui permettant de revenir au premier plan. Au fil d’un récit aux dialogues ciselés et percutants -la séquence où les jeunes acteurs brocardent les vieilles gloires vaut le détour- Cronenberg fait un portrait au vitriol de cette société du paraître où le double jeu est de mise. Et il le fait avec une grande économie d’effets, une caméra mobile mais pas hystérique et un sens du cadre qui force le respect.
L’histoire est portée par un casting parfait. Une telle vision ne peut fonctionner qu’avec des comédiens qui
assure leur partition sans en faire trop. Mia Wasikowska montre un autre visage en campant cette jeune femme au visage marquée par les cicatrices et qui distille un parfum vénéneux dans ce sombre récit. John Cusack est l’incarnation de ce que la communication considérée comme une philosophie de vie fait de pire. Enfin, si Robert Pattinson n’est pas vraiment étonnant, la palme du succès
revient à Julianne Moore, qui fait ici une composition remarquable dans le rôle de cette actrice sur le retour, hantée par l’image de sa mère, elle-aussi comédienne et tragiquement disparue. Elle peut tour à tour exprimer l’hystérie, un caractère primesautier – dans la scène étonnante de danse dans le jardin- le comportement d’une femme qui se livre. Ainsi dans la séquence, surprenante dans l’univers d’un Cronenberg, où elle discute avec son assistante, installée sur la cuvette des toilettes. Se mettant à nue, Julianne Moore prouve ici toute la palette de son talent.
In final, Maps to the stars prouve qu’à 71 ans, Cronenberg n’a rien perdu de son mordant et de sa manière de porter sa caméra au cœur de certains plaies de notre société. Une vision très noire mais qui ne peut laisser personne indifférent .

