Sortant en salles le 21 mai, le dernier film des frères Dardenne, Deux jours, une nuit, avec Marion Cotillard dans un rôle surprenant, fait parler de lui avec son scénario qui nous plonge au cœur de la crise.
C’est une histoire dure et âpre : celle de Sandra, confrontée à un dilemne. Elle a un week-end pour convaincre ses collègues de travail de renoncer à une prime pour préserver son emploi. Pour cette plongée dans le social et ce plaidoyer pour la dignité humaine, les frères Dardenne ont demancé à Marion Cotillard de s’immerger dans l’univers si particulier des Dardenne. Elle confie dans le dernier Studio Live : « On a eu un mois de répétitions consacré à la mise en place, à la dynamique de la caméra et des acteurs. Et même si ces dernières n’étaient pas centrées sur le jeu, j’ai pu expérimenter des petites choses et j’ai surtout écouté mes partenaires venus de Liège, Bruxelles, Seraing, Namur… pour glaner des intonations qui m’ont permis de prendre cet accent très léger et me fondre dans le décor. » Dans Marie Claire, elle souligne qu’elle partage une certaine volonté avec Sandra mais en mettant un bémol : « Très honnêtement, je ne sais pas si j’aurais eu le courage de faire ce qu’elle fait. Il y a aussi la difficulté d’être dans la confrontation, ce qui est parfois extrêmement handicapant. Cette incapacité à m’opposer à l’autre. Le conflit est très compliqué à envisager pour moi, car c’est lié à la peur du rejet, du refus. De l’abandon.«
Pour les frères Dardenne, le statut de star internationale de la comédienne n’est pas entré en ligne de compte. Luc Dardenne souligne : « Nous travaillons avec tout le monde de la même manière. Le film s’est construit selon des blocs de temps réel, uniquement en plans séquence. La caméra donne à chacun le moyen d’exister à égalité. Lorsque nous avons fait les premières prises de vue, nous avons observé le jeu de Marion pour voir si elle allait baisser le tête pour exprimer la compassion. Elle a, au contraire, toujours gardé sa tête bien droite ! Déterminer la justesse d’une interprétation, c’est parfois aussi simple que ça ! »
Avec ce film sur l’exclusion sociale en temps de crise, Luc et Jean-Pierre Dardenne font leur septième apparition à Cannes dont ils sont déjà repartis avec deux Palme d’Or. Pour la petite histoire, c’est la cinquième fois qu’ils retrouvent leur acteur fétiche, le belge Fabrizio Rongione. C’est dire que leur venue est un petit évènement en souhait, surtout avec un tel thème.
