QUAND FERRARA FAIT LE BUZZ EN MARGE DE CANNES

547725La présentation du nouveau film d’Abel Ferrara, Welcome to New York, inspiré de l’affaire DSK-Nafissatou Diallo, dont internet s’est emparé depuis longtemps, se fait en marge du Festival mais avec un sens consommé de la communication… Une sortie en VOD qui fait le buzz sur la Croisette même si le film n’est point de la compétition.

Rebaptisé Devereaux à l’écran, Gérard Depardieu fait encore parler de lui en racontant le parcours d’un homme d’influence d’un hôtel de luxe à New-york dans une cellule de prison. Un récit librement inspiré par le créateur, à la réputation sulfureuse, de Bad lieutenant par l’affaire DSK. Un film qui débarque, précédé d’un parfum de scandale et dont certains journalistes américains ont déjà eu la primeur. Deux journalistes -Jordan Mintzer de Variety et Scott Foundas, du Hollywood Reporter, deux quotidiens qui comptent dans l’industrie du cinéma- ont déjà vu le film et réagi. Dans Hollywood Reporter, l’article ont souligné que Ferrara et Depardieu plongent dans l’histoire du Sofitel avec « l’impudeur de deux gars qui connaissent bien leur sujet. » Quant à Variety, il parle du « talent viscéral » de Depardieu et souligne sa « performance audacieuse.« 

Pour autant, c’est du côté de la production française et de Vincent Maraval, patron de Wild Bunch, que l’habileté est de 411135mise. Dans une interview donnée au JDD, le 11 mai, à quelques  jours du coup d’envoi du Festival, il a dénoncé les pressions financières et politiques autour de ce tournage, depuis le lancement du projet, trois ans auparavant. Il déclarait notamment : « Ce qui est vrai, c’est que tout le monde nous a déconseillé de tourner ce film, nos amis comme nos ennemis. »

Finalement, toute la rumeur entretenue autour du film -et sa très belle affiche- assure une promotion solide à ce film embarrassant sur la célèbre affaire. Il sera présentée ce samedi dans une salle de cinéma publique et, surtout, il sort le même jour en VOD sur des plates-formes comme FilmoTV, Free, Orange ou ITunes au tarif de 7 euros. C’est moins cher qu’une bonne vieille place de cinéma et nettement plus qu’une location de film en ligne qui tourne autour de 2 euros.

Alors que, d’habitude,  un film sort directement en vidéo faute d’un distributeur, il s’agit ici d’un choix de la production. C’est d’autant plus habile qu’en salles, le film aurait pu, si DSK ou Anne Sinclair avait attaqué en justice, être soumis à une décision de retrait. Par la grâce de la VOD, et ce climat de doux scandale, il peut toucher immédiatement beaucoup plus de monde.

En dehors du joli coup de marketing, l’affaire Welcome to New-York, qui plus est lancée en plein Festival de Cannes, souligne un fait nouveau : sortir un film en salle n’est pas forcément le plus rentable pour un producteur. Une façon enfin  de faire, peut-être,  réagir les pouvoirs publics en France où la loi interdit pour l’instant la sortie simultanée sur les écrans et sur le Net. Comme quoi, l’affaire DSK n’a pas fini de faire des vagues, même par fiction interposée.

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