C’est la cinéaste néo-zélandaise qui dirige le jury de l’édition 2014 du Festival de Cannes qui se déroule du 14 au 25 mai. Avec une telle créatrice, on peut s’attendre à un palmarès qui sera surprenant.
Vingt et un an après sa Palme d’or pour La Leçon de piano – elle était la première femme à la remporter –Jane Campion revient au Festival de Cannes en présidente du jury. A 60 ans, la cinéaste s’inscrit dans une liste de femmes importantes du cinéma qui ont rempli cette fonction : Ingrid Bergman, Isabelle Adjani, Jeanne Moreau… Cette réalisatrice qui a dévoilé bien des tourments familiaux et des fêlures d’âme féminine a su inventer des histoires où la tiédeur n’a pas droit de cité que ce soit dans Portrait de femme avec Nicole Kidman ou In the cut, avec Meg Ryan.. Bien de ses personnages sont des êtres décalés en proie à des tourments intérieurs, des poussées d’une sexualité forte. Elle disait récemment aux Inrocks : « Mes films sont peut-être des réactions à l’obsession de la société pour la normalité, à une conception majoritaire de la normalité qui suspecte la moindre différence, le moindre écart »
Issue d’une famille impliqué dans le théâtre -père metteur en scène et mère comédienne- Jane Campion a signé une œuvre bien plus torturée que ne le laisse supposer son aspect extérieur et son vinsage souriant encadrée par une longue chevelure d’argent. Avec elle, il ne faut pas s’arrêter à une image lisse. Car la dame a du caractère. Elle l’a déjà montré à Cannes en 1997 pour les cinquante ans du Festival. Il était marqué par la venue exceptionnelle du président de la République de l’époque : Jacques Chirac. En colère devant sa décision de reprendre les essais nucléaires français dans le Pacifique, Jane Campion a tout fait pour ne pas dîner à son côté lors du gala d’ouverture et alla jusqu’à intervertir son carton avec celui de la belle comédienne chinois Gong Li.
Une femme de caractère qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui n’hésite jamais à se lance de nouveaux défis. En novembre dernier, Arte a ainsi diffusé la série remarquée dont elle est l’auteur : Top of the Lake. « C’est là que se trouve aujourd’hui la créativité » a t-elle dit, lassée de voir recalé certains projets par le monde du cinéma.
On retrouve le parcours de cette présidente pas comme les autres dans Jane Campion (*), le livre de Michel Ciment, ce journaliste de Positif qui suit la réalisatrice depuis 1982. Le fruit de dizaines d’heures d’entretiens. On y découvre bien des secrets de fabrication de la réalisatrice. Ayant tourné pour elle notamment avec Kate Winslet dans Holy Smoke, Harvey Keitel a confié à l’auteur : « « Jane Campion est comme la bonne fée du Nord dans « Le Magicien d’Oz ». Elle apparaît et, avec un mouvement de sa baguette magique, elle nous rend plus sensibles à la beauté de cette planète. » Evoquant ce film, Jane Campion souligne : « Il correspond à mon sens de l’humour « buñuélien », à mon manque de respect pour les gens respectables. Cela a aussi à voir avec mon caractère profondément enfantin. J’aime être enfantine ! » Cet ouvrage se termine par des écrits intimes : Jane Campion y évoque la disparition de son premier enfant et dit sa passion pour le poète John Keats.
(*) Ed. Les Cahiers du cinéma
ET LE RESTE DU JURY
Jane Campion a voulu un jury marqué par la parité : quatre femme et quatre hommes vont devoir départager les dix-huit films en compétition. Des actrices et des acteurs : Carole Bouquet (France), Leila Hatami (Iran) et Jeon Do-yeon (Corée); Gael Garcia Bernal (Mexique), Willima Dafoe (Etats-Unis). Et trois cinéastes : Sofia Coppola (Etats-Unis): Nicolas Winding Refn (Danemark) et Jia Zhangke (Chine).
