LA FRAPPE, de Yoon Sung-Hyun – 1h56
Avec Lee Je-Hoon, Seo Jun-Young et Park Jung-Min
Sortie : mercredi 7 mai 2014
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
A la mort de son fils, son père, qui s’intéressait peu à lui lorsqu’il était en vie, commence à enquêter sur ce décès. Il trouve dans un tiroir une photo où l’on voit son fils avec deux autres garçons, Dong-yoon et Hee-joon. Il se rend dans leur école mais découvre que l’un a changé de lycée, et l’autre n’est même pas venu aux funérailles. Lorsqu’il retrouve Hee-joon, celui-ci lui dit que Dong-yoon était le plus ami avec son fils. A la demande du père, Hee-joon part à la recherche de Dong-yoon, mais celui-ci a disparu. Que s’est-il passé dans ce lycée ?
Que penser du film ?
Après Suneung, de Shin Su-won qui était sorti le 9 avril, voilà un nouveau document à charge sur le système éducatif coréen. Pour son premier long métrage, Yoon Sung-Hyun offre une plongée assez saisissante sur le système éducatif de Corée où la violence semble usuelle. Il souligne : « Dans le film, à travers le quotidien de ces jeunes, tourmentés et perdus, j’ai voulu montrer ô combien fragiles et sensibles nous sommes et comment nous
pouvons nous briser en mille morceaux parce que nous vivons à l’étroit et étiquetés dans cette coquille vide qu’on appelle la société et dans laquelle nous sommes contraints de créer nos identités à travers le regard d’autrui. » Commençant son récit par une séquence forte dans laquelle Ki-tae tabasse un élève devant une bande de camarades qui laissent faire, indifférents, Yoon Sung-Hyun n’y va pas par quatre chemins pour décrire la société coréenne. « J‘ai pensé que cette scène pouvait être une métaphore de la société coréenne, dans laquelle il arrive parfois des choses tragiques et personne ne fait rien pour les arrêter » poursuit le cinéaste.
Film de fin d’études, réalisé avec 50 000 dollars, et mettant aux prises une bande de jeunes comédiens déjà très professionnels, cet opus surprend par la maturité d’une cinéaste de 29 ans qui parvient à planter le décor avec finesse et fait évoluer ces jeunes dans un décor déshumanisé des grands immeubles aseptisés, et dont la seule différence tient à un numéro gravé en façade, où les lieux de rencontres et de luttes de ces jeunes est une gare abandonnée avec ces wagons en attente sur les voies.
Ce portrait d’une jeunesse en quête de repère et dont le moyen d’expression le plus courant est la violence et le harcèlement est efficace. Il aurait été plus prenant si le cinéaste avait resserré son montage, supprimé quelques scènes redondantes qui ralentissent le rythme du récit. Si un tel film a de quoi ouvrir bien des débats dans la société coréenne, il a des risques de trouver un écho plus limité sur les écrans hexagonaux. Pour autant, il est une des preuves de plus du dynamisme du cinéma coréen qui n’en finit plus de faire parler de lui. En tout cas, Yoon Sung-Hyun est un cinéastes dont il faudra suivre désormais les nouvelles productions.
