NICOLAS CAGE : PERE ET GAGNE

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JOE, de David Gordon Green – 1h57

Avec Nicolas Cage, Tye Sheridan, Gary Poulter

Sortie : mercredi 30 avril 2014

Je vote : 4 sur 5

Quezako  ?

JOE_Nicolas Caga as JoeDans une ville du Texas, Joe Ransom, un ex-taulard, essaie de mener la vie de monsieur Tout-le-monde et bosse, dans la journée, comme chef d’équipe d’une société d’abattage de bois avant de se mettre à picoler le soir. Un jour, un gamin de 15 ans, Gary, débarque en ville en cherchant désespérement un job pour faire vivre sa famille.  Joe,  y voyant une occasion d’enterrer le passé, le prend sous son aile.

Et alors ?

Le roman éponyme de Larry Brown (*), publié en 2001, avait marqué les lecteurs tant il s’inscrit dans la grande lignée d’un Faulkner ou d’un Steinbeck avec la description rude et brutale d’une JOE_Tye Sheridan_Amérique des paumés, des petites gens, des laissés pour compte du rêve américain. En s’autorisant quelques libertés avec le roman original, David Gordon Green signe une adaptation sensible et forte en partant du scénario écrit par son ancien professeur de cinéma, Gary Hawkins. « J’ai été très enthousiasmé par cette adaptation, dit le cinéaste. J’ai toujours aimé les histoire sur les relations père-fils et, à sa façon, « Joe » en raconte une. Ils ne sont pas liés par le sang mais Joe Ransom et Gary Jones développent une formidable relation semblable à celle que peuvent avoir un père et son fils. J’adorais que, en tant qu’homme, Joe soit vraiment complexe. Il est tout à la fois le bon, la brute et le truant. Mais cet adolescent qui souffre atrocement l’émeut au point de faire un vrai sacrifice. »

Avec une mise en scène d’une belle sobriété, il décrit le quotidien de tous ces personnages qui tentent de vivre, voire de survivre, en multipliant les petits jobs. Et filme, comme si c’était un documentaire, le quotidien de ces travailleurs du bois qui abattent les arbres après avoir empoisonné le tronc dans des conditions de job très pénibles. Dans certains plans, il capte leur fatigue, leurs yeux bouffis par l’alcool et une vie de misère.

Et puis, il y a un casting du tonnerre, des premiers aux second rôles. On garde longtemps en mémoire le visage de Gary Poulter, qui joue le père du garçon. De la séance d’ouverture avec l’engueulade du père et du fils au bord de la voie ferrée à la scène où il tue le trimardeur pour lui piquer son litron de vin et ses quelques dollars, il joue avec un naturel saisissant. De son côté, Nicolas Cage joue ici avec une finesse qu’on ne lui connaissait pas depuis plusieurs films et signe ici une très forte composition de cet homme qui tente de racheter les fautes passées.

JOE_Nicals Cage_ Il peut aussi bien exprimer la force, voire la violence, de Joe que son extrême vulnérabilité et ce personnage ne peut que nous toucher. « Joe est tout le temps en train de se maîtriser, souligne le comédien. Il préfère même se faire arrêter et aller en prison plutôt que de perdre le contrôle et, peut-être, tuer quelqu’un. Mais inévitablement, la cocote minute explose et il se met dans le pétrin. C’est un vrai hors-la-loi, il est totalement politiquement incorrect. Et pourtant, il devient un modèle pour Gary Jones. »

Quant à Tye Sheridan, découvert dans Tree of life, de Terence Malick, où il jouait un des fils de Brad Pitt, il est tout à fait extraordinaire dans la peau de cet adolescent qui tente de s’en sortir. Le jury de la dernière Mostra de Venise ne s’est pas trompé en lui décernant le prix du Meilleur espoir masculin ! Entre les deux, le courant est vite passé, comme le raconte le cinéaste : « Nic a eu un petit sourire aux lèvres et l’on a tout de suite senti l’alchimie qui se développerait entre l’énergie et la jeunesse de Tye et la profondeur émotionnelle de Nic. » A l’écran, cela se voit dès les premières scènes et Tye Sheridan est un comédien dont il faudra désormais suivre les pas et les variations sur grand écran.

Dure, brutale, d’une violence parfois intense, cette histoire de filiation impossible est vraiment émouvante, forte.

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