UN VOYAGE, de Samuel Benchetrit – 1h27
Avec Anna Mouglalis, Yann Goven, Céline Sallette
Sortie : mercredi 23 avril 2014
Je vote : 1 sur 5
Quezako ?
Un couple dépose leur enfant à la maternelle un vendredi matin. C’est la grand-mère qui viendra le chercher le soir et qui le gardera pour le week-end. Eux partent en voyage, dans un autre pays…
Et alors ?
Revenant à la réalisation, Samuel Benchetrit a opté pour le drame et cette histoire d’amour passion et de mort qui évoque le sujet si délicat de l’euthanasie. Confidences du cinéaste : « Le véritable déclencheur a été une lettre que j’ai reçue d’une femme qui avait vécu un drame terrible dans sa vie et avait le sentiment que je pouvais m’y intéresser pour un film. Ses mots m’ont évidemment bouleversé mais aussi encouragé à aller dans cette voie là, plus dramatique, qui me tentait depuis un petit moment. » Sans faire de grands discours, son ambition est de montrer le voyage de ce couple dont on sent très vite qu’il traverse une épreuve très grande, notamment après la séquence où il croise, sur les bords du lac, Claire, la jeune femme campée par Céline Sallette.
Traiter d’un tel sujet n’est pas neuf et Samuel Benchetrit a choisi de centrer son récit sur le personnage de Mona campée par Anna Mouglalis, présente dans presque tous les plans. Le cinéaste évoque ainsi sa muse qui l’a visiblement inspiré : « Anna possède cette qualité rare de pouvoir jouer énormément de choses dans une multitude de registres. Je ne lui vois aucune limite. Elle peut aller vers une grande spiritualité, qui ressemble à un secret.« Face à elle, Yann Goven prête son physique frêle à ce mari qui va au bout de la route avec son épouse et dont la personnalité peut exprimer aussi bien de la douceur qu’une colère subite, violente. Un choix intéressant pour ce personnage à l’origine prévu pour Arthur H mais qui a dû renoncer pour cause de tournée.
Le sujet est fort mais le traitement l’est moins et c’est là le hic. De fait, sauf dans la randonnée de montagne où le couple se prête à différentes gamineries, comme quand ils jouent les singes en liberté, l’histoire tourne vite en rond, n’exploite pas vraiment certaines pistes -avec le couple formé par Céline Sallette et son ami notamment- et finit par -c’est un comble avec un tel sujet- ne plus susciter l’émotion. En 2012, Stéphane Brizé avec A tout jamais, porté par le très beau duo formé par Vincent Lindon et Hélène Vincent, parvenait, sur le même thème, avec une économie de moyens, à nous bouleverser profondément. Il n’avait pas besoin de jouer sur une caméra à l’épaule qui finit par donner mal au cœur pour nous faire partager le quotidien douloureux de ce fils, sorti de prison, et de sa mère, atteinte d’un mal incurable et qui décide d’en finir.
Finalement, ce Voyage nous laisse sur le bord de la route. Et semble terriblement long.

