THE BEST OFFER, de Giuseppe Tornatore – 2h10
Avec Geoffrey Rush, Jim Sturges, Sylvia Hoeks, Donald Sutherland
Sortie : mercredi 16 avril 2014
Je vote : 3 sur 5
L’histoire ?
Véritable institution dans le milieu de l’art et misogyne assumé, Virgil Oldman (Geoffrey Rush) est un commissaire priseur de renom. Il n’a de relation intime qu’avec la collection de tableaux qu’il a su constituer secrètement au cours des années. Personne ne le connaît vraiment, même pas son vieil ami marchand d’art Billy (donald Sutherland). lorsqu’une cliente (Sylvia Hoeks) lui demande une expertise mais n’accepte de lui parler qu’au téléphone, Virgil est piqué de curiosité et ne peut se résoudre à laisser tomber l’affaire. Quand il la voit pour la première fois il tombe raide d’amour…
Pourquoi ce film nous touche ?
« L’intrigue du film est construite sur un modèle narratif très simple. C’est une histoire d’amour aux allures de thriller -sans pour autant qu’il
s’agisse d’un thriller : il n’y a ni meurtre, ni tueur, ni police, ni enquête. » L’astuce de Tornatore , c’est de décrire cette folle histoire d’amour -entre un homme mûr et une jeune femme aussi étrange que mystérieuse- sur fond de marché d’art. Et des sommes colossales qu’il voit circuler autorisant bien des petits arrangements avec la loi. Pour Virgil, cet univers où tout est répertorié, daté, monnayé est un monde qui le protège de la vie « normale ». Avec, au centre de son univers, dans son palais d’une beauté froide, la chambre forte où il a tenté de réunir toute la beauté du monde sous forme de toiles de maîtres. Campant avec classe ce commissaire priseur, Geoffrey Bush raconte : « Les gens comme lui ont une haute opinion d’eux-mêmes et peuvent du coup gérer la tension dans une salle des ventes -tension semblable à celle que l’on peut éprouver dans les grandes cours de justice. L’enjeu est toujours important puisqu’ils peuvent s’occuper de tableaux qui valent dix millions d’euros et qui seront vendus en soixante secondes. »
Décrivant avec un luxe de détails, dans une mise en scène classique et raffiné, ce monde du commerce de l’art, Tornatore sait créer une atmosphère double où le faux-semblant est de règle. Dans ces décors, la violence peut alors surgir de manière soudaine et disparaître comme un tour de magie. Elle peut être aussi virtuelle et il montre bien comment l’argent régit les règles de vie de cette caste prête à tout pour s’approprier une enchères et qui pense que tout est à vendre et à acheter.
On peut trouver le film parfois long, la caméra un peu trop prompte à s’attacher à une pièce du décor, mais Tornatore sait créer un climat où la beauté devient menaçante. Il est servi par des comédiens impeccables : outre Geoffrey Rush, qui parvient, au fil du récit, à montrer comment, physiquement, la passion le transforme radicalement, il y a Donald Sutherland qui joue un savoureux marchand d’art aux allures de bohème et Sylvia Hoeks se sert de sa beauté froide pour incarner cette jeune femme au double visage et dont l’irruption vient dérégler la vie fonctionnant comme un automate bien réglé du commissaire priseur.
Pour accompagner ce récit d’une passion destructrice, Tornatore a fait appel à Ennio Morricone qui signe trois thèmes entremêlés qui collent parfaitement au rythme de l’histoire. De la belle œuvre malgré quelques longueurs.

