CHRONIQUE D’UNE FAMILLE CUBAINE DANS LA TOURMENTE

MELAZA, de Carlos Lechuga – 1h20

Avec Yuliet Cruz, Armando Miguel Gomez

Sortie : mercredi 16 avril 2014

Je vote : 3 sur 5

L’histoire ?

Monica et Aldo vivent à Melaza, un village cubain, où comme beaucoup ils mènent une vie modeste. Tous les matins, ils empruntent, la rue principale  pour se rendre à leur travail : Monica est gardienne de l’usine désaffectée de Rhum et Aldo est instituteur. Le soir venu, ils louent leur Melaza_6maison à Marquez, un mari infidèle et partent en promenade sur le Malecon. Un jour la police découvre la combine et leur inflige une amende : elle met en péril la survie de la famille…

Pourquoi aller voir ce film ?

Si la révolution cubain a fait rêver des générations, la réalité actuelle n’offre pas un visage très positif quand on découvre cette histoire. Le réalisateur y décrit comment la crise de l’industrie sucrière, capitale pour l’économie cubaine, plonge toute une frange de la population dans la mouise.  » « Ce qui m’a intéressé en faisant « Melaza » était d’approcher au plus près la réalité cubaine que je voyais tous les jours. La raconter de manière naturaliste, sincère, sans excès, de manière humaniste. Je voulais recréer une histoire d’amour en temps de crise, suivre un couple qui, pour survivre, allait devoir sacrifier son intégrité. Pour rester uni, il devrait chercher des solutions qui allaient en fait les éloigner l’un de l’autre. Je voulais raconter lentement cette histoire, avec un regard neutre, en donnant les informations par fragments, pour que le spectateur n’ait pas le temps de juger mes personnages mais qu’il vive au coude à coude avec eux, comme si la main de Dieu l’avait déposé à Melaza. C’est une invitation à partager l’expérience cubaine dans sa banalité », souligne Carlos Lechuga. Son astuce, c’est d’avoir montré en contrepoint la belle histoire d’amour de ce jeune couple, très bien interprétée par Yuliet Cruz et Armando Miguel Gómez qui jouent avec une belle retenue. On peut d’ailleurs regretter que les deux principaux protagonistes ne soient pas plus précisément dessinés dans cette chronique naturaliste.

Les amateurs d’un rythme soutenu seront sans doute déconcertés par le déroulement tranquille d’un récit qui suit en douceur les pas de ce couple. Au demeurant, Carlos Lechuga sait se servir du décor de l’usine désaffectée pour créer une atmosphère singulière et décrire un système qui sombre doucement. Et dont la majeure partie de la population préfère détourner la tête plutôt que de soutenir le combat de ce couple qui essaie de survivre et de s’en sortir. Cette chronique douce-amère, portée par les rythmes nostalgiques de la musique cubaine, est, au final, attachante tout en montrant clairement les coulisses de la société cubaine. Avec le poids de la surveillance policière qui fait peser une menace permanente sur le citoyen lambda contraint de vivre de combines pour parvenir à vivre décemment. Sans oublier une description vivante du quotidien des écoliers qui font souffler une certaine insouciance sur cette description d’une famille dans la tourmente. Face à un telle peinture naturaliste, le défilé politique final, à l’enthousiasme plus que mesurée, prend alors une résonance particulière.

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